'année promet d'être animée pour le cru Moulin-à-Vent.
A l'occasion du centenaire de l'appellation, créée le 17 avril 1924 -avant de devenir une AOC douze ans plus tard, l'Union des viticulteurs de Moulin-à-Vent multiplie les occasions de faire découvrir ce cru du beaujolais riche de 71 lieux-dits : masterclass sur le salon Wine Paris, voyage de presse en mars, dîner de gala et dégustations prestige en avril, marche gourmande en juillet... Sans compter tous les évènements privés organisés par les vignerons, seuls ou à plusieurs.
« Ces animations ont beaucoup de succès : les professionnels ont besoin qu'on leur fournisse les prétextes pour mettre en avant des appellations », constate Brice Laffond, vigneron au château du Moulin à Vent. Et certains lieux-dit n'ont pas fini de faire parler d'eux.
Le 19 décembre dernier a été validé en assemblée générale une liste de quatorze lieux-dits candidats à la reconnaissance en premier cru, assortie d'un projet de cahier des charges. La sélection a été opérée selon les critères définis par l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (Inao), par un cumul de points sur cinq volets : notoriété historique et contemporaine, revendication du lieu-dit, valorisation économique et dégustation – il a fallu deux ans pour déguster les 71 lieux-dits à l'aveugle, à raison d'une dégustation par mois. Les quatorze lieux-dits présentés à l'INAO couvrent un peu moins de 30 % de l'aire de l'appellation qui s'étend sur 640 ha.
Pour élaborer le cahier des charges, « une enquête de pratiques a été faite pour déterminer lesquelles nous voulions graver dans le marbre », résume Brice Laffond, responsable du dossier des premiers crus. Il est prévu un rendement limité à 50 hl/ha (vs 56 hl/ha pour le Moulin-à-Vent sans mention de premier cru), une durée d'élevage allongée de six mois et une mise en vente repoussée de dix mois (1er décembre au lieu du 1er février). Les très jeunes vignes seront exclues puisqu'il faudra attendre la cinquième feuille pour revendiquer un premier cru (au lieu d'une troisième feuille). Le patrimoine viticole devra être préservé : « cadoles, murets, haies seront inventoriés et ne pourront pas être supprimés », détaille Thomas Patenotre, vigneron au domaine de la Sionnière. Le désherbage chimique sera interdit. Cela ne devrait pas être problématique : « 80 % de l'appellation a déjà banni les désherbants, précise Julie Pitoiset, responsable d'exploitation au Château des Jacques. Moulin-à-Vent est le cru du beaujolais le moins pentu, donc le plus facile à mécaniser. »
Les vins revendiquant un lieu-dit sur l'étiquette sont aujourd'hui valorisés en moyenne 20 % au-dessus de la moyenne de l'appellation. « Ils ne ne seront pas forcément mieux valorisés après la reconnaissance officielle de l'Inao : la démarche consiste à faire reconnaître l'existant, pas à créer quelque chose de nouveau », explique Julie Pitoiset. Si tous les 250 viticulteurs de Moulin-à-Vent ne pourront pas revendiquer des premiers crus, tous sont indirectement concernés : « c'est une locomotive pour l'ensemble de l'appellation », assure Brice Laffond.
Pour ficeler son dossier à déposer à l'INAO, Moulin-à-Vent se nourrira des retours d'expérience de Fleurie. Cet autre cru, qui a déposé un dossier de reconnaissance en premier cru pour sept lieux-dits le 20 novembre dernier, a eu les premiers retours de l'INAO ce 12 mars. « Il n'y a pas encore d'avis sur le fond mais on nous demande quelques compléments : des analyses statistiques et d'autres données très factuelles », explique Sylvain Paturaux, président de l'appellation Fleurie, qui espère rassembler ces éléments assez vite pour que le dossier passe au comité régional Inao de l'automne.
De son côté, Moulin-à-Vent prévoit de mettre les bouchées doubles pour compléter son dossier en vue d'un dépôt officiel avant la fin de l'année. Mais sans oublier de faire la fête – on n'a pas tous les jours cent ans.