écoupé en 3 zones d’expositions plus ou moins sévères aux évolutions climatiques, le vignoble des vins du Sud-Ouest dispose à présent de 21 indicateurs thermiques et hydriques pour modéliser les évolutions possibles face au changement climatique. Telle est en substance la synthèse du projet So’Adapt, lancé en juin 2022 par l’interprofession des vins du Sud-Ouest (IVSO), et qui rendra ses enseignements en mai 2025.
Dans la lignée du projet Laccave mené par Inrae, So’Adapt vise à évaluer les effets du changement climatique dans les vignobles du Sud-Ouest, pour définir des stratégies d’adaptation pour les vignerons. So’Adapt vise l’objectif de « donner des clés aux générations actuelles et futures pour adapter la viticulture aux nouvelles conditions agro-climatiques, et préserver le potentiel qualitatif et quantitatif des vignobles du Sud-Ouest », explique les co-présidents de l’IVSO Joël Boueilh et Christophe Bou. Le projet se combine de plus à la réflexion globale climat de l’IVSO, en complément de la stratégie de décarbonation présentée en début d’année.
Dans sa première phase, 24 points d’observation météorologiques, couvrant 8 sous-zones viticoles des vignobles du giron de l’IVSO, ont déjà permis au projet de définir 21 indicateurs cardinaux de caractérisation de l’impact des variations du climat sur le développement de la vigne. Répartis en 7 indicateurs thermiques, 7 hydriques et 7 indicateurs de bilan hydrique (réalisés à 2 profondeurs de sol différents et à 3 stades du cycle de la vigne : la floraison, la véraison et la récolte), ces indicateurs ont conduit les chercheurs en charge de l’étude (pôle Sud-Ouest de l’IFV) à segmenter la région en trois groupes, selon le comportement hydrique actuel des vignes. Ces trois groupes de vignobles sont hiérarchisés en fonction de leur niveau de vulnérabilité par rapport aux variations climatiques. « Il y a une variabilité entre les secteurs mais surtout entre millésimes », explique le directeur de l’IVSO Paul Fabre, « les millésimes sur vingt an sont classés en trois groupes distincts, dont un groupe extrême pour 2003 et 2022 ».
L’analyse des bilans hydriques permet de distinguer trois typologies de millésimes dans les vignobles du Sud-Ouest. Les vignobles de Fronton et du Tarn-et-Garonne apparaissent comme le groupe des plus exposés aux évolutions du climat, alors que ceux du Lot, du Tarn et de l’est du Gers sont moyennement exposés. Enfin, les vignobles de l’Aveyron et de l’ouest du Gers (y compris Saint-Mont et Madiran-Pacherenc) apparaissent comme ceux présentant le moins de vulnérabilité hydrique.


Cependant, au sein de chaque secteur, « le niveau de précision disponible n’est pas toujours le même, et l’échelle de la parcelle ou du bassin versant est difficile à atteindre », poursuit Paul Fabre. Si bien que des fiches de sol seront proposées pour chaque secteur, pour que les vignerons puissent estimer leur réserve utile (RU) potentielle dans leur parcellaire.
Ce découpage ne permet pourtant pas encore d’aboutir à des conclusions. Il autorise néanmoins une modélisation de l’évolution de chaque groupe jusqu’en 2050, ce qui constitue la dernière étape du projet So’Adapt, jusqu’en 2025. Cette modélisation sera basée sur les données climatiques prospectives, qui intègreront les différents scénarios du changement climatique.