vis aux opérateurs charentais et gascons s’inquiétant de l’issue des négociations entre Europe et Chine sur l’enquête antidumping ciblant les cognacs et armagnacs : la diplomatie française est sur le coup ! C’est du moins ce que répondent aux sollicitations des parlementaires le cabinet du président de la République, Emmanuel Macron, les ministères de l’Economie et des Affaires étrangères…
Sollicité par le sénateur Daniel Laurent (Charente-Maritime, les Républicains) qui reprend l’inquiétude des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS et BNIC), l’Élysée lui enjoint ainsi cette fin mars d’être « certain que les préoccupations dont vous vous faites l’écho font l’objet d’un suivi particulièrement attentif de la part du cabinet du président de la République, des ministres et de l’ensemble des services de l’État concernés », tout en rappelant que « ce travail est conduit en ligne étroit avec la Commission Européenne qui demeure l’interlocutrice institutionnelle unique des autorités chinoises », mais « nous saisirons les nombreuses échéances bilatérales à venir pour porter le dossier ».
« Il est important qu'une solution soit trouvée pour le secteur et que les bonnes relations construites ces dernières années entre la France et la Chine se poursuivent. Ce message sera porté aux autorités chinoises dans les prochaines semaines, notamment lors des différentes rencontres organisées pour célébrer le soixantième anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine » précise le ministère de l'Économie dans une réponse mi-mars à la sénatrice Patricia Schillinger (Haut-Rhin, RDPI).
« Alors même que nous avons fêté le 27 janvier 2024 le soixantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine, nous regrettons vivement cette démarche, qui va à l’encontre des bonnes relations commerciales entretenues jusqu’à présente entre nos deux pays » appuie Stéphane Séjourné, le ministre des affaires étrangères, dans une lettre de réponse envoyée cette fin mars au sénateur Daniel Laurent. Courrier soulignant qu’« aucun élément n’indique à ce stade que des producteurs français ou européens se livreraient à de telles pratiques » de dumping et autres pratiques commerciales déloyales.
Face à ces déclarations d’intention de l’exécutif, les parlementaires continuent à mettre la pression. En témoigne la récente lettre du groupe d’études vigne et vin de l’Assemblée Nationale, signée par 19 députés (majoritairement Rassemblement National, mais aussi les Républicains, Renaissance et LIOT) et envoyée aux ministres chargés du Commerce extérieur (Franck Riester) et de l’Agriculture (Marc Fesneau). « Le 5 janvier dernier, le ministère chinois du Commerce a annoncé le lancement d'une enquête antidumping ciblant les eaux-de-vie de vin produites en Europe, mettant ainsi en péril 3,6 milliards d’euros d’exportations françaises et touchant d’autres boissons spiritueuses comme l’Armagnac ou la Grappa » pointent les parlementaires, pour qui « il est évident que cette mesure de rétorsion vise la France en raison du rôle supposé de celle-ci dans le lancement d'une procédure européenne contre les véhicules électriques chinois par le ministère de l’économie et des finances en septembre 2023. »
Reconnaissant l’écoute de l’exécutif (« si les interprofessions ont bien été reçues par les différents ministères »), les parlementaires craignent des arbitrages défavorables (« il semblerait que d'autres objectifs aient pris le pas sur les conséquences économiques et humaines de ce dossier ») qui enfonceraient dans la crise des territoires entiers (« nos producteurs et négociants craignent que l'impact potentiel sur nos filières et nos territoires ne soit pas pleinement compris par les autorités françaises et européenne »).