n drôle d’instrument va etre installé fin avril dans le vignoble expérimental de Rully par des géochimistes et des climatologues du laboratoire de l’Université de Bourgogne. « C’est une tour à flux, un des seuls instruments au niveau mondial à mesurer les échanges de CO2 dans une parcelle de vigne et la seule en France » explique Camille Buissière, chargée de communication technique pour le bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), qui coordonne avec le Vinipôle le projet "Mocca", pour Matière Organique Changement Climatique et Atténuation, visant à atténuer le changement climatique par le stockage de matière organique dans les sols viticoles.
Cette tour à flux comptabilise les émissions de CO2 issues de la photosynthèse et de la respiration des plantes. Elle est composée d’un capteur de CO2 disposé au-dessus du feuillage des vignes, à environ 3 mètres du sol, associé à un anémomètre 3D qui mesure les micro-turbulences du vent dans les trois dimensions. « Elle permet de calculer les échanges de CO2 entre l’écosystème et l’atmosphère. Les scientifiques vont aussi comptabiliser les émissions de gaz à effet de serre comme le CO2 d’origine fossile (carburant) ou le N2O (engrais) pour établir l’empreinte carbone globale de la parcelle » précise Camille Buissière.
Cet instrument va être utilisé sur de nombreux cycles végétatifs pour permettre à CarbonSpace, autre partenaire du projet, de valider pour la vigne un modèle calculant l’échange net d’un écosystème au pas de temps mensuel. « Cette entreprise recourt à l’intelligence artificielle pour combiner des données satellites multispectrales mises à disposition par les agences spatiales mondiales avec des données issues d’autres tours à flux disposées dans le monde. Ce modèle pourra par la suite être proposé aux viticulteurs comme un outil d’aide à la décision de gestion des stocks de carbone de leurs parcelles et servir à d'autres projet tels qu'Objectif Climat » se réjouit la chargée de communication.
En parallèle, le laboratoire de l’Université de Bourgogne va analyser les stocks de carbone sur un réseau de parcelles réparties dans toute la Bourgogne. Le pôle Bourgogne-Beaujolais-Jura-Savoie de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) va aussi estimer le bilan carbone de 96 combinaisons de pratiques viticoles, types de sol, et densités de plantation pour donner des préconisations aux vignerons bourguignons. « L’IFV va comparer le brûlage ou le broyage des sarments, les sols nus ou enherbés, et la fertilisation minérale ou organique » détaille Camille Buissière.
Également partenaire du projet, l’Institut Agro Dijon a déjà conduit une trentaine d’entretiens pour identifier les freins et leviers à l’évolution des pratiques. Les premières conclusions de ce projet multidisciplinaire au budget de 210 000 € co-financé par le BIVB et le Conseil départemental de Saône-et-Loire sont attendues pour 2025.