ls sont venus en nombre des quatre coins de la France pour fêter joyeusement les 30 ans de leur organisation, mais tout n'est pas rose pour les cavistes indépendants. Les 24 et 25 mars, 133 membres de la fédération des cavistes indépendants (FCI, qui compte 212 adhérents et souhaite doubler ce nombre d'ici 2025) se sont réunis en assemblée générale dans le Beaujolais.
Un indicateur parmi d'autres des difficultés du secteur : leur centrale d'achat de vins et spiritueux VIN.CI, utilisée par 139 cavistes dans des proportions plus ou moins élevées, a accusé en 2023 un recul de 7 % de son chiffre d'affaires, qui reste réalisé à presque 70 % par les vins. Philippe Taupy, vice-président de la FCI et gérant de la plate-forme VIN.CI, y voit un reflet des « conditions plus dures rencontrées par tous ».
« Il y a une baisse de consommation générale, même nos clients gourmands réduisent leurs achats, confirme le président de la FCI Cyril Coniglio. Il y a une question de pouvoir d'achat, mais pas seulement. La plupart de nos clients sont des buveurs occasionnels qui consomment de façon plutôt festive : or beaucoup nous disent qu'ils ne sortent plus et font moins la fête. Et le ticket moyen baisse. Même s'il reste encore des amateurs à la recherche de belles bouteilles un peu rares, la plupart des clients recherchent plutôt des vins entre 10 et 15 €, voire à moins de dix euros. Ce qui peut sauver les cavistes, ce sont les achats cadeaux : les spiritueux et bières, mais aussi les beaux vins, s'offrent encore beaucoup. »


L'un des défis à relever pour la profession consiste à s'adapter aux nouvelles exigences de la clientèle. A commencer par son portefeuille. C'est le but de l'opération Les dénicheurs, qui a connu un grand succès pour la deuxième fois en 2023 et sera rééditée en octobre prochain. Pendant dix jours, les 117 cavistes participants ont proposé dix vins à moins de dix euros. « On veut montrer que chez le caviste, on trouve aussi des vins pas chers, insiste Cyril Coniglio, désireux de battre en brèche l'image d'une profession élitiste. Un caviste doit s'adresser à tous. Et c'est aussi vrai, voire davantage, pour les maîtres cavistes : dans notre charte, c'est un bon point d'avoir des vins à moins de dix euros. » Ce titre créé par la fédération en 2020 a été décerné à une soixantaine de professionnels à ce jour, jugés notamment sur leurs connaissances et leur gamme dont au moins 70 % doit être issue de vignerons indépendants.
S'adapter à l'évolution de la clientèle, c'est aussi changer de langage pour parler à la jeune génération. « Depuis deux ans, on constate que les jeunes vont moins chez le caviste, rapporte Cyril Coniglio. C'est une génération qui aime les choses simples : il faut lui parler simplement, en évitant les termes techniques. Elle est attirée par les nouveautés et les bouteilles un peu folles avec des étiquettes originales : cela laisse beaucoup de potentiel aux vins de France, alors que les AOC lui parlent moins. Et on vend de plus en plus de bouteilles qui peuvent accompagner tout un repas sans se prendre la tête sur des accords mets et vins... C'est d'ailleurs l'un des atouts du beaujolais où se tient cette AG : on y produit des vins polyvalents et de plaisir immédiat. »