igneron depuis 14 ans en AOC Touraine-Chenonceaux, Pierre-André Frot est depuis 14 ans engagé dans la certification Terra Vitis (avec son domaine des Pierres d’Aurèle, 40 hectares de vignes dans le Loir-et-Cher). Rencontré lors du salon ProWein, ce promoteur de Terra Vitis (qui fut un temps engagé dans ses instances) conserve intacte sa conviction que le cahier des charges du label privé reste le plus complet pour pratiquer le développement durable dans le vignoble.
« Terra Vitis faisait déjà de la Responsabilité Sociétale des Entreprises il y a 14 ans, alors que l’on n’utilisait pas encore le terme de RSE. Aujourd’hui la démarche environnementale est un prérequis, standardisé par la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) et qui n’est plus une originalité » estime Pierre-André Frot, ajoutant qu’« aujourd’hui, il y a un intérêt du public pour l’engagement sociétal de l’entreprise, avec ses fournisseurs, ses clients... C’est la notion de respect, pas seulement de l’environnement. Mais aussi des salariés. Il important de les garder, de les impliquer dans la démarche... » Dépassant le cahier des charges en poursuivant son esprit RSE, son domaine a ainsi investi dans un Vitibot pour permettre à ses tractoristes de ne plus passer des journées sur les tracteurs pour le travail du sol, mais à suivre le robot : « ça change le métier ».
Avec l’arrivée du négoce Castel dans le label (pour ses propriétés et des apporteurs), Terra Vitis a été boostée en nombre d’adhérents, et donc de cotisation et de capacité de communication. « Mais Castel reste un adhérent parmi d’autres » pointe Pierre-André Frot, pour qui le cap exigeant est maintenu, mais avec de nouvelles capacités de se faire connaître : « jusque-là, l’essentiel du budget de l’association était dédié aux contrôles. Il y avait une attente des adhérents de plus communiquer ». Si la certification travaille sa notoriété, elle reste loin d’avoir l’attractivité du label bio. Au final, « Terra Vitis est une démarche de vignerons convaincus, pas commerciale d’opportunistes : le cahier des charges est complet et complexe. On a freiné ceux qui voulaient un simple argument de vente. Terra Vitis présente moins d’intérêt commercial que le logo bio » tranche Pierre-André Frot.


Mais le vigneron pointe l’avantage de Terra Vitis : chaque année, son cahier des charges évolue pour garder de l’avance sur la réglementation et les demandes sociétales. De quoi créer de la surcharge administrative alors que la pression ? « Oui et non. J’ai une phobie administrative : la paperasse, ce n’est pas notre métier. Ça n’apporte rien » tacle Pierre-André Frot, qui pointe un intérêt au cahier des charges Terra Vitis : « reprendre toutes les obligations légales dans un seul document en y rajoutant les couches de Terra Vitis. Un animateur vient contrôler pour pointer les points atteints et ceux à améliorer en expliquant comment y arriver simplement et concrètement. Oui c’est contraignant, oui c’est un contrôle en plus. Mais quand on le réussit on sait que les autres contrôles se passeront bien. Ça m’aide à bien dormir. »
Quant à la rentabilité du label, elle s’inscrit sur le long terme pour le vigneron ligérien : « Terra Vitis, c’est un argument commercial pour les ventes. Cela permet de justifier que ce que je dis, je le fais. »