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La sortie de crise viticole viendra de "NOUS" vignerons et "PERSONNE d’autre"
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Parole de rebelle
La sortie de crise viticole viendra de "NOUS" vignerons et "PERSONNE d’autre"

Venant de faire condamner deux négociants pour prix abusivement bas sur le fondement d’Egalim, le vigneron médocain Rémi Lacombe propose dans cette tribune un manifeste pour relancer la commercialisation et la valorisation des vins de Bordeaux en particulier et de France en général. Du travail de contractualisation des syndicats viticoles au repositionnement commercial des opérateurs de la filière vin pour se construire des lendemains meilleurs et non subir en attendant.
Par Rémi Lacombe (tribune) Le 28 février 2024
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La sortie de crise viticole viendra de
« Quand on critique un système, il n’y a que deux possibilités : proposer ou se taire » pose Rémi Lacombe. - crédit photo : Alexandre Abellan (audience 11 janvier 2024)
I

l est temps que des propositions émanent de nous et accompagnent de façon impérative la construction du prix du producteur vers nos consommateurs.

Nos ODG (Organismes de Défense et de Gestion) doivent faire autre chose que semer des réunions, où il pousse des cahiers des charges où nous vendangeons des contrôles et des ennuis. Un seul cahier des charges est prioritaire parmi tous : l’élaboration d’un véritable "contrat type de concession commerciale" de nos vins, qui n’a jamais été à l’ordre du jour ! Il serait pourtant très urgent d’écrire tout simplement comment valoriser nos vins.

C’est le PREMIER devoir évident d’un metteur en marché ! Ce qu’on s’applique à produire, on s’applique encore plus à le distribuer ! C’est à NOUS de le faire et à PERSONNE d’autre. L’adéquation et la cohérence entre les trop nombreux cahiers des charges de production et une distribution qui les valorise est indispensable. Les ODG doivent être assistés pour cela, bien choisir des indicateurs de coûts réalistes et être régulièrement audités par un organisme totalement impérativement extérieur à la filière. 

Nous devons corriger notre offre de châteaux systématiquement qualifiés de « petits » dans un langage interne bordelais devenu courant et humiliant. Ils ne doivent pas être vendus « en tuyau » de vrac dans la double ignorance lors de la vente par le viticulteur de leur habillage et de leur cible commerciale. Aucune vraie distribution n’est ainsi possible. Ils doivent se distribuer comme des parfums dans des flacons choisis (qu’autrui ne transvaserait pas à sa guise dans le flacon d’antimoustique par exemple).

Nos châteaux d’ailleurs (stratégie historique de niche à Bordeaux) doivent agir en synergie d’une marque forte par appellation qui peut être tout simplement le nom de l’appellation « distribué par négoce X ou négoce Y » afin de ne pas créer une marque trop petite qui porte le nom de X ou de Y. (Sinon chercher des synergies entre les deux possibilités pour CONSTRUIRE). Une marque appuie, partout dans le monde, sa force sur un rapport de prix/« grand volume ». 

Interprofession

Le CIVB (Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux), instance majeure, doit adapter ses cotisations sur la « chaîne de VALEUR » (Façon TVA), plutôt que sur une « taxe au litre » qui ne varie que de 1 à un peu plus de 2 pour des prix de vins qui évoluent, eux, de 1 à 500 parfois 1 000. Actuellement, une bouteille issue de vrac ou de « petit château » comme ils disent, cotise en proportion de sa valeur cinq, dix, parfois cinquante fois davantage que de très belles bouteilles pour financer une distribution que l’on ne connaît pas. Ces cotisations ne sont prélevées, de surcroît qu’une seule fois au tout début de la chaîne de valeur du négoce. Dans le cas d’une cotisation sur la valeur, il faudra éviter que les viticulteurs ne deviennent ainsi les principaux cotisants.

La viticulture est en train de mourir, de brûler des productions (ayant déjà cotisé à l’ODG), et d’arracher son outil de travail, ses emplois et nos paysages.  Il s’agit donc de sujets graves justifiant de profonds changements. 

Coopération

Les synergies château/ marque (agissant comme cerise/gâteau) doivent être activées. 

Pour cela, nous avons par exemple en Médoc une structure coopérative de 1 300 hectares environ à haut potentiel produisant l’équivalent de 60 à 70 millions de verres. Idéal pour une marque. A titre d’exemple pour ces verres : quelle couleur ? Quelle gamme ? Quel business plan ? Sinon, quelle autre stratégie claire ? Affichée, lisible... Comment l’aider au bénéfice de tous ? Actuellement les deux types d’organisations (coopérative, chais particuliers) s’opposent dans une querelle fratricide de bas prix (illégaux) au détriment des deux parties et en totale ignorance des attentes consommateur.

Courtage

Nos précieux courtiers doivent agir en cohérence avec nos ODG et le fameux contrat type de concession de nos vins. Plus encore : Ils doivent devenir proposants et garants de nos offres et de nos stratégies de distribution par zones et cibles. 

Il est de la responsabilité des ministères d’y veiller et d’intervenir en sanctions afin d’abonder nos organisations professionnelles revigorées avec les 2 % du chiffre d’affaires issus des acteurs qui ne jouent pas le jeu (abonnement pour une marque par exemple).

Marques fortes et niches

Les contours d’une offre lisible, forte de l’adhésion de tous, et construite avec la classique stratégie de coexistence « marque forte et niches » existent partout ailleurs dans le monde (agroalimentaire et non) et sont les clés du succès (au moins à mon sens). Cette stratégie dynamisée par les fameux « 5P » comme Procès, Packing (par combien : 6, 12 ?), Packaging, Promotion et Publicité (dans lesquels doit être impérativement sous tendue la consommation modérée) grâce a des outils intégrés aux stratégies commerciales (QR codes sur verres, service à la ficelle, etc.). 

Conditions préalables

De tels bons fonctionnements doivent devenir des pré requis AVANT même d’oser se déclarer perdants. Avant de gémir d’avoir par exemple trop planté (peut-être ?), demandons-nous si tout simplement, nous avons rempli les conditions fondamentales et durables pour vendre ? Le consommateur est souvent très loin des préoccupations de notre filière et n’y comprend tout simplement rien ! Donc, il s’en détourne fort logiquement. Pareil au devenir du pain que l’on consomme de moins en moins, et à l’avènement parallèle du burger que l’on dévore de plus en plus, l’avenir viticole a surtout besoin d’adaptations actives et de lisibilité commerciale. C’est beaucoup plus efficace que d’attendre « que ça aille mieux assis sur son terroir ». Il semble d’ailleurs qu’il faudra plusieurs générations avant que ce rêve d’attente ne trouve dans le marché une fissure imprévue et improbable pour devenir réalité.

Stage commercial

Il n’y a rien d’extraordinaire dans mes lignes qui, c’est certain : dérangent. Ce qui est extraordinaire, et qui me dérange à moi, c’est d’être dans une telle situation d’échec et de ne rien changer ! C’est sans complexe et avant tout pour moi-même, que j’ai engagé « le combat Egalim ». Sauf cour d’appel (auquel cas, « j’y serai ! », comptez sur moi), j’ai plaisir à quitter ce métier avec ces propositions somme toute bien classiques que quiconque peut retrouver au travers d’un stage commercial de trois jours. 

Je n’ai de haine contre personne, mais il est simplement impossible de réussir avec certaines de nos méthodes qui ont échoué partout. Je n’ai qu’une interrogation :  Qui prend ma suite ? Il va falloir dialoguer, proposer, etc., je ne suis (presque) plus viticulteur. On ne peut engager l’avenir quand on n’est pas concerné. En revanche, quand on critique un système, il n’y a que deux possibilités : proposer ou se taire. Après avoir proposé ceci, il est temps que je me taise (ça va faire très plaisir à certains).

 

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Tous les commentaires (5)
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Vigneron Le 02 mars 2024 à 12:36:40
Je soutiens le combat de Mr Lacombe contre le sbas prix. Mais je trouve qu'il y a de la confusion. Les syndicats représentent les vignerons et les négociants, ce sont donc à eux de fixer de manière collective un prix plancher. Les ODG sont des organismes de contrôles qui sont la pour appliquer les décisions voulues par les syndicats. Des syndicats ont un bureau économique qui pourrait agreger les données sur les coûts de revient des producteurs pour établir un coût moyen/appellation et y intégrer chaque an l'inflation du coûts des matières premières, ainsi que l'aléa climatique (gel, grêle). Il faut réfléchir ensuite a un taux de marge de production suffisant pour tous les vignerons. Et outre le rendement fixe pour tous, la surface et les charges de production doivent servir de variable d'ajustement pour moduler le prix plancher. On comprend que les gros producteurs peuvent faire de meilleurs prix et qu'un prix trop haut peut les pénaliser a vendre du volume. Il faut définit tout ça dans la loi Egalim qui ne tient compte pour l'instant que du coût de production. Au niveau commercial, il faut développer aussi plus de force chez les vignerons qui se sont peut être trop longtemps reposer sur la force de vente du négoce, et favoriser la vente en bouteilles au profit du VRAC. Un exemple est la mutualisation de la force commerciale avec des groupements de vigneron.
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Marcel Le 29 février 2024 à 19:13:39
Écrire en français n'est pas ce que vous savez faire le mieux et en plus, quand vous essayez de vous exprimer, vous êtes hors sujet !! Et oui Laurent! Que monsieur Lacombe soit vert ou jaune, qu'il ait des stocks ou 36 maîtresses, qu'il soit milliardaire ou fauché, cela importe peu !!! C'est pitoyable ! Effectivement, nous préférons lire les écrits de ce monsieur Lacombe Ils sont tellement clairs, tellement parlants dans ce monde où les viticulteurs sont la proie de ceux qu'ils rémunèrent grassement d'ailleurs ! Leur cotisation est totalement injuste car ce n'est pas celui qui vend le vin le plus cher qui cotise le plus. Non! Loin de là! C'est tout à fait l'inverse. Retenez bien que toutes les instances qui gravitent autour de la viticulture sont beaucoup plus rémunérées par les pauvres, ceux que l'on fait crever à 500? le tonneau, que par ceux qui vendent la bouteille N fois plus Vous n'avez pas compris que le salaire mensuel de ces têtes pensantes ne représente même pas une année de revenus de ces pauvres vignerons : on en est loin ! Pensez à toutes les exploitations mises en difficultés et à tous les drames qui en découlent? Je regrette que ce soit un viticulteur et non nos instances professionnelles qui fasse appliquer la loi. Il est important de rappeler que la raison d'être de ces organisations est de défendre les viticulteurs, de faire appliquer des lois qui existent (la preuve) plutôt que d'accepter que certains puissent se considérer tout simplement au dessus ou encore pas concernés. mais il n'en ai rien à part faire des réunions qui accablent tous les jours un peu plus ces pauvres vignerons : quand et comment les protègent ils ? À vous lire, Il faut donc continuer à les regarder disparaître dans de bien tristes conditions Quelle honte ! Quelle ingratitude ! Ne pas avoir de reconnaissance envers ceux qui les nourrissent !! J'espère que vous aurez enfin compris le courage de ce monsieur Lacombe qui aura été le seul à avoir l'initiative de faire apparaître la vérité.
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Médocon Le 28 février 2024 à 13:35:03
Comment peser sur les cours lorsqu'on est en surproduction ? Commencer à diminuer volontairement vos surfaces en vigne et vous verrez. La Bourgogne a peu de propriétaires de plus de 15 20 ha et s'en sort bien Nous en Médoc on crève sur des propriétés de 50 ha. A qui la faute ? A nous bien sur.
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augustin Le 28 février 2024 à 12:06:01
Le précédent commentaire diffuse une bonne foi douteuse M Lacombe tout comme Monsieur Cousiney ont certes vendu leurs domaines respectifs mais le fait qu ils puissent violer l omerta n entache en rien leur légitimité, n en deplaise aux consanguins du sérail. L ampoule électrique n à pas été inventée par le meilleur fabricant de bougies , c est une règle qui s appliqué une fois encore hic et nunc. Merci Rémi tu nous manques déjà.A nous de continuer mener la lutte contre les méchants et les incompétents.
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Laurent Le 27 février 2024 à 20:25:56
Les odg n'ont pas pour mission de se mêler des contrats de vente de vin qui se font de gré à gré entre des acheteurs libres d'acheter et des vendeurs libres de vendre. Le contrat se crée au prix voulu par les 2 parties. Certes le vendeur est bloqué par des paramètres extérieurs que sont les organismes preteurs qui s'échappent dès que les difficultés se font jour. Il serait plus utile de forcer ces organismes à faire leur boulot? aider quand cela va bien mais également quant d cela va mal. Si ce monsieur a vendu plus de 8000hl à un prix, personne ne l'y a contraint? sauf peut être sa volonté de se défaire de son stock pour mieux vendre sa propriété? mais cela c'est l'appel qui le dira. Dans tous les cas il est illégitime à vouloir donner des conseils, il ne fait plus partie du sérail mais gère sa holding La suite au prochain numéro
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