our la première fois cette année, Laurent Poirier suit son chantier de taille à l’aide du boîtier géolocalisé développé par la start-up Aptimiz à destination des sécateurs Infaco. Un boîtier que les tailleurs portent à leur ceinture pendant qu’ils effectuent leur tâche. « Nous avons cinq tailleurs saisonniers, tous équipés d’un boîtier, qui ont commencé le 1er décembre. Aujourd’hui, je peux voir sur l’application Aptimiz qu’ils ont taillé 70 % du vignoble en 2 909 heures », observe-t-il le 1er février. L’application lui indique également qu’ils auront terminé le 10 mars s’ils continuent d’avancer au même rythme.
Laurent Poirier est le gérant de la SCEA du Sablon, une exploitation de 70 ha située à Ballans, en Charente-Maritime. Pour obtenir ces informations très synthétiques, il a dû demander de l’aide aux développeurs d’Aptimiz. « Au premier abord, on voit une table d’activités qui donne le temps de travail par parcelle. On a une ligne par tailleur indiquant quand et où il a taillé. Au préalable, il faut enregistrer toutes les parcelles dans l’application. Partant de là, elle considère qu’un ouvrier commence à tailler quand il entre dans une parcelle et qu’il finit quand il en sort. Elle crée une ligne à chaque fois. J’ai moi-même un boîtier et j’ai enregistré d’autres zones d’activité que les parcelles comme le chai, la distillerie, le stockage… Chaque fois que j’entre ou que je sors d’une zone, ça crée une ligne. Tout est détaillé. On obtient une foule d’informations. En ce qui me concerne, une journée représente plusieurs lignes. »
Pour s’y retrouver, Laurent Poirier a dû apprendre à filtrer les informations. Désormais il peut suivre dans un onglet l’avancement de la taille par parcelle. « Quand j’étais malade, j’ai pu voir où les tailleurs en étaient et les diriger », apprécie-t-il. La fonction « chantier, planification » l’aide à programmer le travail. « On sélectionne une parcelle, les dates de début et de fin de chantier souhaitées, et cela nous donne un nombre d’heures qu’il faut réaliser. Si l’application me dit qu’il faut 253 heures pour tailler telle parcelle, je sais combien de tailleurs y affecter si je veux que le travail soit fait en une semaine. »
Aptimiz lui a également permis de confirmer qu’il vaut mieux tailler et tirer les bois en même temps. « Lorsqu’on sépare les deux tâches, cela prend 3 à 4 % de temps en plus », observe-t-il.
Aux Vignobles Gayrel, dans le Tarn, Rémi Charbois croule lui aussi sous les informations. « Depuis le 1er janvier, date du début de l’enregistrement de la taille, on peut lire 230 lignes, indique le responsable technique de cette exploitation de 250 ha de vigne. Nous avons six boîtiers. Le système crée une ligne par tailleur chaque fois qu’il entre dans une parcelle. Quand on clique sur une ligne, on peut voir son déplacement dans la vigne. C’est beaucoup d’informations. »
Les Vignobles Gayrel emploient vingt tailleurs mais ne sont équipés que de six boîtiers. Les informations recueillies sur le chantier de taille sont donc incomplètes. « Cela nous donne malgré tout une idée d’ensemble, indique Rémi Charbois. Grâce à l’onglet « Outil de visualisation », je peux connaître les surfaces travaillées. Par exemple, le 31 janvier, je vois que Bernard a taillé 6 ares en 30 minutes dans une parcelle de 3 ha. 6 ares, c’est 2 % de cette parcelle. L’application en déduit que Bernard va mettre 25 heures en tout. C’est très rapide. Nous, on estime qu’il faut entre 30 et 40 h/ha. On verra à la fin ce qu’il en est. »
En plus d’enregistrer le temps de travail, les boîtiers sont conçus pour remonter d’autres informations. Trois boutons figurent sur ces petits objets noirs. Chacun peut être paramétré pour signaler un problème : un pied manquant, un fil ou un piquet cassé. En appuyant sur l’un d’eux, le tailleur signale le problème correspondant en le géolocalisant. Lorsqu’il a fini de tailler une parcelle, l’exploitant peut éditer une carte des pieds manquants et des piquets à remplacer.
Mais ni à Gaillac, ni en Charente, cette fonctionnalité n’est utilisée pour le moment. « J’ai pensé que ce serait trop compliqué à expliquer aux salariés. Je procède par étapes », confie Laurent Poirier. Si ses tailleurs ont bien accepté les boîtiers alors qu’ils surveillent leur travail, il leur a fallu un peu plus de temps pour qu’ils pensent à les allumer le matin et à les éteindre le soir. Cette contrainte devrait bientôt être levée, la start-up ayant conçu de nouveaux boîtiers qui s’allument et s’éteignent automatiquement lorsqu’ils sont mis en mouvement. Ne restera plus qu’à penser à les recharger.
En dépit des difficultés qu’ils ont à exploiter les données de la plateforme, Laurent Poirier et Rémi Charbois sont convaincus de son intérêt. « Grâce à Aptimiz, on voit le temps passé à tailler chaque parcelle, insiste Rémi Charbois. Comme on peut enregistrer les autres travaux, à la fin de l’année, on pourra cumuler les temps de travaux et les comparer à ce que produit la parcelle. Cela nous donnera une notion plus précise de la rentabilité par parcelle que la comptabilité. »
Pour enregistrer les travaux mécaniques, il faut équiper les machines d’une balise Aptitrack. Lorsqu’un ouvrier porteur d’un boîtier Aptimiz s’approche d’une machine, les deux dispositifs entrent en contact par Bluetooth, de sorte que son travail est enregistré dès qu’il entre dans une parcelle, comme pour la taille. Lors des dernières vendanges, les Vignobles Gayrel ont équipé une machine à vendanger et une benne. « On a pu savoir à quel moment la machine arrivait à la benne. Puis, à quel moment la benne parvenait au quai de pesée. Nous avons pu relier le poids de cette benne à la surface qu’il a fallu récolter pour la remplir et calculer le rendement par secteurs à l’intérieur d’une parcelle », relate Rémi Charbois.
Cet hiver, plusieurs prétailleuses ont également été équipées. « Ainsi, en cumulant le temps de travail de la prétailleuse et celui des tailleurs, nous aurons une information sur le temps de taille global par parcelle », ajoute encore Rémi Charbois, en route pour appliquer ce suivi à l’ensemble de ses travaux.
Offre Découverte : achat d’un boîtier, accompagnement à l’installation et un an d’accès à la plateforme pour suivre les temps de travaux : 399 €. Offre Gestion : location d’un boîtier, avec accès à la plateforme pour le suivi des temps de travaux pour la taille et tous les autres chantiers : 279 €/an. Offre Saison : location d’un boîtier durant la taille, accès pendant 100 jours à la plateforme de suivi des temps de travaux : 139 €. Location d’une balise Aptitrack : 39 €/an.