,91 million €. Le choc a été rude pour la filière viticole des Pyrénées-Orientales lorsqu’elle a appris la part de l’enveloppe de 80 millions € du fonds d’urgence attribuée au département catalan, comme rapporté hier par nos confrères de L’Agri. Détaillée dans une circulaire émise le 5 février par le ministère de l’Agriculture aux préfectures concernées, la répartition de ce fonds d’urgence a mis le feu aux poudres dans les Pyrénées-Orientales.
« La problématique de la sécheresse n’a manifestement pas du tout été prise en compte dans cette répartition », résume la directrice de la Fdsea 66 Nathalie Capillaire, « sinon nous pouvions même prétendre à l’ensemble des 80 millions € du fonds », ajoute-t-elle avec amertume. Alors qu’une réunion avec la DDTM du département était convenue le mercredi 7 février pour détailler auprès des représentants de filière la mise en œuvre de ce fonds d’urgence, « nous avons refusé d’y participer dans ces conditions dès lors que nous venions d’être informés de ces chiffres juste avant la réunion », plante David Drilles, président du syndicat des vignerons des Pyrénées-Orientales (SDV 66).


« L’estimation des pertes financières de la récolte 2023, réalisée par les services de la chambre d’agriculture, avoisine les 11 M€ », précise encore Nathalie Capillaire, concernant environ un millier d’exploitations du département. « Nous faisons le siège du ministère depuis ce matin pour obtenir une révision bien à la hausse de cette enveloppe, alors que le département est celui qui est le plus touché par les aléas climatiques », renchérit le président de la Fdsea départementale Bruno Vila. Sur les 80 M€ du fonds, la circulaire précise la ventilation de 72 M€ à destination de 27 départements concernés par l’activité viticole, dans les 4 régions touchées par les aléas climatiques (mildiou compris) en 2023 (dont 14,2 M€ pour la Gironde, 13 M€ pour l’Hérault, 9,2 M€ pour l’Aude, 8,5 M€ pour le Gard, ou encore 5 M€ pour le Gers).
« Nous attendons rien moins que les 8 M€ restant à attribuer », relance Bruno Vila, « 10 M€ étant la moindre des sommes que nous devrions obtenir au regard des pertes subies par nos vignerons, quand le Gers, dont la surface viticole est similaire à la nôtre, obtient plus de 5 M€ ». Plus que la somme elle-même, ce sont en effet les critères de ventilation du fonds qui font bondir dans le Roussillon. « Ce fonds est abondé pour répondre à une problématique d’aléas entrainant une perte de récolte en 2023, et le critère de ventilation par département se base sur les volumes de vins commercialisés en 2018 ! Le ministère a clairement privilégié le poids économique de la viticulture dans les départements plutôt que l’impact réel des aléas en 2023 », tance David Drilles.


« C’est clairement au désavantage de notre département qui a un historique de rendements très bas, et qui n’a pas connu d’année sans aléas, sècheresse, gel, grêle, échaudage, depuis dix ans », reprend Bruno Vila, qui regrette amèrement que « d’autres départements régionaux soient bien mieux dotées alors que l’impact des aléas sur leur récolte 2023 a été quasiment nul ».
Charge sera ensuite laissée aux préfets et leurs services de distribuer la somme allouée pour ce fonds d’urgence selon les critères annoncés par le ministre de l’agriculture Marc Fesneau (5 000 à 20 000 € par exploitation dès 20 % de perte de récolte, de chiffre d’affaires ou d’EBE par rapport à la meilleure récolte de 2018 à 2022). « Avec moins de 2 M€, on arrive tout juste à 80 €/ha de fonds d’urgence, tout juste 1000 € par exploitation, donc bien loin du minima de 5 000€ posés dans les critères d’attribution », enfonce David Drilles.
A l’heure de cette publication, la filière viticole roussillonnaise maintenait son forcing auprès du ministère de l’agriculture, des viticulteurs ayant fait remonter du terrain être décidés à mener des actions fortes sans obtention de fonds supplémentaire. « C’est essentiel d’obtenir cette rallonge. Même si nous obtenons l’équivalent du Gers, cela resterait néanmoins beaucoup trop limité, car on arriverait tout juste au plancher de 5 000 € par exploitation pour le millier d’entreprises concernées », illustre David Drilles.