aisant écho au rythme de progression du vignoble bio français, les superficies « écologiques » du vignoble espagnol continuent d’augmenter fortement. Au cours des quatre dernières années pour lesquelles les chiffres sont disponibles, elles ont progressé d’un tiers pour se chiffrer à près de 150 000 hectares en 2022. Ce chiffre, qui émane du ministère espagnol de l’Agriculture, tient compte des surfaces en première année de conversion (10 800 ha) et certifiées en conversion (26 000 ha).
Dans leur globalité, elles représentent 16 % d’un vignoble espagnol qui dépasse 930 000 ha. Mais la moyenne nationale cache d’importantes disparités régionales. En effet, dans certaines régions comme la Catalogne, Murcie et les Îles Baléares, près de 50 % des superficies sont cultivées en agriculture biologique. Sans surprise, c’est Castille-La Manche qui détient la palme du plus grand vignoble bio espagnol, avec 43 % du total national, soit 64 300 ha. Suivent la Catalogne (29 000 ha) et Valence (17 400 ha), ces trois régions représentant 74 % des superficies biologiques totales en Espagne.
Du côté de l’Italie, l’organisme institutionnel Ismea (sur la base de données Sinab) chiffre à 135 667 hectares l’étendue du vignoble bio italien en 2022, chiffre qui regroupe les superficies en conversion et celles qui sont déjà certifiées, soit une hausse globale de près de 16% par rapport à 2020 (+18 289 ha). Depuis 2010 (52 273 ha), la superficie nationale de vignes cultivées en agriculture biologique a gagné 83 394 ha, soit une progression de 160 % en douze ans. Mais on peut s’interroger sur la progression future du vignoble bio italien, notamment suite à une année 2023 très compliquée pour les viticulteurs en bio. En effet, les précipitations abondantes et fréquentes au printemps dernier, notamment dans le Centre et le Sud du pays où sont localisés une grande partie des vignobles bio, ont favorisé l’apparition et la propagation de mildiou, auquel se sont ajoutées d’autres maladies comme la flavescence dorée et l’oïdium ainsi que des événements climatiques comme la grêle.
A contrario, le secteur vitivinicole espagnol se montre particulièrement déterminé à poursuivre le développement du vignoble bio : dans son plan stratégique 2022-2027, l’objectif affiché est de parvenir à une part de 26% du vignoble national d’ici 2027, soit dix points de plus qu’en 2022. Partant du principe que la superficie globale resterait stable – estimée dans le plan autour de 950 000 ha – l’Espagne disposerait alors de quelque 247 000 ha cultivés en bio d’ici trois ans. En revanche, le nombre de caves et embouteilleurs de vins bio s’inscrit à contre-courant de cette tendance, leur dynamisme semblant ralentir. En 2022, leur nombre a régressé de 1% pour passer à 1 321 structures, phénomène particulièrement marquant dans la région de Valence, où ce nombre est passé de 160 à 112.