abituée aux fortes croissances depuis 2018, la certification gouvernementale Haute Valeur Environnementale (HVE) enregistre un tassement de ses conversions au premier juillet 2023. Discrètement, le ministère de l’Agriculture recense 37 357 exploitations agricoles labellisées, soit une croissance de 3 % par rapport au premier janvier 2023 (36 225 certifiées), pour une « augmentation ralentie de plus de 75 % par rapport à la même période de l’année précédente (avec 5 071 exploitations supplémentaires) » note le ministère de l’Agriculture, rappelant que « depuis le premier janvier 2023, une version rénovée du référentiel HVE (version 4 de novembre 2022) est entrée en vigueur » et concerne tous les nouveaux candidats à la certification (mais pas les anciens, ceux déjà certifiés l’étant jusqu’au 31 décembre 2024). Restant dominée par la viticulture à 62 %, la certification HVE est revendiquée par 23 273 domaines viticoles : +3 % en six mois, contre +23 % en juillet 2022.
Face à cette chute des certifications, « j’aurais préféré me tromper » soupire Jean-Jacques Jarjanette, le président de l’association de défense de la certification HVE, pour qui « il arrive ce qui devait arriver. On est en train de casser la démarche avec une montée en exigence trop rapide. » Des nouvelles règles de calcul de la fertilisation aux dispositifs refondus sur l’item de la biodiversité, les changements brutaux semblent avoir rebuté les candidats à la certification, comme ils ont échaudé ceux pensant miser sur la certification, se révélant trop versatile au final.


« Fort heureusement, il ne faut pas être trop négatif, les choses peuvent encore se rétablir » veut croire Jean-Jacques Jarjanette, pour qui « tout ça évoluera : j’ai le sentiment de faire le travail d’un défenseur du nucléaire deux mois avant l’attaque russe en Ukraine… On a besoin de labels français et vertueux. On est en train de délocaliser l’alimentation, il faut développer les démarches locales. » Alors que l’affaire judiciaire de l’association Alertes Aux Toxiques, et de sa porte-parole Valérie Murat, va reprendre dans le vignoble bordelais, le président de l’association de défense de la certification HVE regrette que la « seule communication qui existe aujourd’hui est négative » sur le label. D’autant plus que le ministère de l’Agriculture ne semble pas pressé de débloquer des fonds pour valoriser ce label public. L’absence de valorisation de la certification étant une autre limite au développement de la HVE.