es hauts, mais surtout des bas de Gironde… Après la diffusion ce jeudi 14 décembre sur France 2 du numéro de Complément d’enquête à 23h et d’extraits au journal télévisé de 13h (à partir de la vingtième minute), l’union coopérative Tutiac « va déposer une plainte pour diffamation contre France 2 afin de faire respecter la vérité et défendre la réputation de ses 520 vignerons et 150 salariés » indique un communiqué, ajoutant que la cave n’a « jamais [été] incriminée par l’enquête ni condamnée par la justice dans une ancienne affaire de fraude, [mais] est pourtant accusée dans Complément d’Enquête ». Se disant « profondément choqué par la gravité des accusations portées contre nous », Stéphane Héraud le président de Tutiac estime que « c’est un assassinat pur et simple ».
Dans ses diffusions, le reportage relie la responsabilité de la cave de Tutiac à une fraude massive aux vins d’Espagne (130 camions citernes pour 34 587 hectolitres de vin francisés entre 2014 et 2016 pour plus d’un million d’euros de bénéfices) réalisée par le directeur de l’une des filiales de Tutiac, le négoce Cellier Vinicole du Blayais, dirigé par le courtier Michel Gilin (condamné en première instance et faisant appel). Mais « monsieur Gilin a toujours dit avoir agi seul, de sa propre initiative. Il n’a jamais mis en cause ses responsables hiérarchiques dans la cave coopérative de Tutiac, qui est l’entité au-dessus de CVB » indiquait Marie-Élisabeth Boulnois, la présidente de la quatrième chambre correctionnelle du Tribunal Judiciaire de Bordeaux, lors de l’audience du 7 octobre 2022.


Une précision loin d’être mise en avant par Complément d’enquête. Comme le présente le journaliste Julian Bugier en lançant le sujet "Quand les escrocs s’attaquent à nos bouteilles" lors du JT de 13h : « à l’approche des fêtes de fin d’année, vous êtes peut-être en train de choisir vos bonnes bouteilles : attention aux bordeaux, certaines pratiques font réfléchir ». Et l’extrait de Complément d’Enquête de dérouler que « Tutiac est la plus grande coopérative de Gironde mais depuis quelques mois au cœur tourmente dans la tourmente judiciaire […] en 2013 la région est frappée par la grêle […] la coopérative se retrouve incapable d’honorer commandes : 4 millions de bouteilles prévendues. » Le reportage explique ensuite que des changement documents douaniers ont permis de transformer des vins espagnols en vins de France.
« C’est un tissu de mensonge » soupire Stéphane Héraud, le président de la cave directement mis directement en cause par le documentaire, pour ne pas dire traqué par l’équipe de reporters malgré ses refus de répondre. « L’extrait du JT de midi est encore pire que le reportage du soir, c’est un raccourci » précise le viticulteur de Blaye, soulignant que dans ce dossier, « Tutiac n’a jamais mis en cause, ni même convoqué par le tribunal. Cette communication est une destruction de notre image. » Mais aussi un renforcement des liens entre les 150 salariés et 520 viticulteurs de l’union coopérative rapporte Stéphane Héraud, qui ajoute que « nous sommes la première cave coopérative de Gironde, mais avec les plus petits viticulteurs : on a 10 ha en moyenne. »
Dans le fond du dossier, « le tribunal a confirmé que les actions frauduleuses ont été perpétrées en amont du processus d'achat et qu’elles étaient indétectables par la coopérative » précise Tutiac, qui demande « réparation auprès de la justice. Tant les images utilisées que le montage et la narration donnent à penser aux téléspectateurs que la coopérative Tutiac serait l’instigatrice et la bénéficiaire d’une fraude sur l’origine du vin. C’est totalement faux. »
Contactée, la chaîne France 2 précise ne pas avoir reçu la plainte et ne pas avoir d'information à ce sujet.