Dans le cadre de notre plan Filière 2030, nous avons décidé d’aller plus loin que les obligations légales afin d’anticiper les exigences de demain. Nous avons élaboré une charte environnementale. Nous nous sommes appuyés sur le cahier des charges de la HVE, que nous avons complété sur les pratiques culturales, le traitement des déchets, le paysage et la biodiversité », explique Edouard Mognetti, directeur du Bureau interprofessionnel des vins du Centre Loire (BIVC).
Avec cette charte environnementale initiée en 2019, les professionnels de la filière vin de Sancerre et des autres AOC et IGP du Centre Loire* se sont fixés l’objectif de 100% des exploitations soient engagées en 2030 dans une certification environnementale de niveau 2 et plus (HVE, bio, biodynamie). « Nombre de vignerons du Centre Loire ont depuis longtemps des pratiques vertueuses. L’idée avec cette charte est d’inciter les autres exploitations à faire évoluer leurs pratiques, en ne laissant personne sur le bord de la route, poursuit Edouard Mognetti. Nous avons assisté à des améliorations spectaculaires, liées également à la pression sociétale et au changement de générations parmi les vignerons ».
Selon le BIVC, 45 % des exploitations du Centre Loire sont certifiées HVE, 50 % ont plus de 500 mètres de haies sur leurs surfaces. Plus de 80 % des producteurs n’utilisent plus d’agrafes en plastique et 100 % ont abandonné les tuteurs en plastique. « En 2022, 80 % des vignerons du Centre Loire n’ont pas utilisé de produits CMR (phytos classés Cancérigènes, Mutagènes ou Reprotoxiques), et 36 % des exploitations sont actuellement en bio, ajoute le directeur de l’interprofession basée à Sancerre. Ces statistiques sont basées sur les réponses des vignerons sur notre outil d’autodiagnostic lancé l’an dernier. »
Cet outil sous forme de QCM permet à chaque vigneron ou vigneronne de s’auto-évaluer. Il est ainsi possible de savoir où l’on se situe parmi trois formules, de 1 à 3, sachant que la formule 2 restreint par exemple le désherbage chimique aux parcelles avec plus de 40% de dénivelé, et que la formule 3 l’interdit totalement. « L’outil délivre au producteur un bilan de ses résultats, avec des points d’améliorations, des préconisations et des fiches techniques », précise Océane Joly, chargée de mission développement durable et œnotourisme au BIVC.
« La charte environnementale donne à tous dans le vignoble une trajectoire, des repères. L’interdiction du désherbage chimique est en discussion, cela prend du temps et ce sera au choix des AOC. Mais je pense que l’usage des herbicides se réduira fortement, commente Olivier Luneau, à la tête du domaine Teiller à Menetou-Salon. Nous sommes en bio, comme 60 % des exploitations à Menetou. Une fois cette orientation prise, on ne peut plus revenir en arrière. Cela va plus loin que l’arrêt du désherbage chimique et des produits de synthèse. Nous avons vu réagir le végétal, la biodiversité se développe beaucoup, notamment la flore. Sur Menetou-Salon, le paysage est désormais différent ».
Depuis 2021, le BIVC organise en novembre une Semaine de la biodiversité, avec des conférences et des rencontres. Cette année, il y a été question notamment de la lutte contre le gel, des créations variétales, des sélections massales, et de la réduction des déchets à la vigne et au chai. « La préservation de la ressource en eau devient un enjeu essentiel. Nous devons également, pour notre bilan carbone, travailler sur des bouteilles plus légères », souligne Olivier Luneau. La charte du BIVC est appelée à évoluer, signale Océane Joly : « Nous avons l’intention d’aller plus loin dans nos engagements, dans la protection des ressources naturelles, et en intégrant notamment l’outil de calcul de bilan carbone de l’IFV ».
* : Sancerre, Pouilly-Fumé, Pouilly-sur-Loire, Quincy, Reuilly, Châteaumeillant, Menetou-Salon, Coteaux du Giennois, IGP Côtes de la Charité et Coteaux de Tannay.