e plus vaste en surface et le plus méridional des crus du beaujolais s'apprête à franchir la première marche de sa montée en gamme. Après le vote de validation intervenu en AG extraordinaire le 16 octobre, Brouilly déposera en janvier 2024 une demande de reconnaissance en premier cru pour seize lieux-dits.
La sélection des seize candidats, sur les 82 lieux-dits identifiés de l'appellation, s'est faite de manière « très scolaire », explique le président de Terre de Brouilly*, Emmanuel Jambon. « Nous avons établi un tableau à points, avec des notations sur différents critères : l'histoire et la notoriété passée, la notoriété actuelle, la surface revendiquée, la valorisation des vins et leur dégustation à l'aveugle. Pour garantir la neutralité des décisions, le nom des lieux-dits n'était pas dévoilé durant le processus de notation. » Les seize lieux-dits couvrent ensemble 28 % de l'aire totale de l'appellation.
« Ce sont des lieux-dits qui sont déjà valorisés en tant que tels, avec des vins se vendant en moyenne 15 % plus cher que le prix moyen des Brouilly, note Emmanuel Jambon. L'objectif ambitieux est de pouvoir valoriser les premiers crus autour de 20 € la bouteille, presque le double d'un cru moyen ! Mais les retombées positive de cette montée en gamme doivent profiter à toute l'appellation : nous la portons collectivement car Brouilly appartient à tous ses vignerons. »
Le cahier des charges prévoit un rendement maximum de 52 hl/ha pour un premier cru (au lieu de 56pour le cru) et un degré d'alcool minimal de 11,5 % (contre 10,5 %). La durée d'élevage est allongée jusqu'au premier juin (au lieu du 15 janvier), pour une mise en marché décalée au premier septembre (au lieu du 1er février). Les vignerons prennent aussi un engagement collectif pour la préservation du patrimoine (cadoles, murets, haies...). « Ce cahier des charges a été travaillé avec les crus Fleurie et Moulin à Vent qui se sont engagés dans une démarche similaire, afin d'avoir une unité dans la montée en gamme des crus », indique Emmanuel Jambon, qui ajoute qu'un « engagement environnemental sera certainement intégré » à la suite des premiers échanges avec l'Inao (Institut National de l’Origine et de la Qualité, échange portant d'abord sur la délimitation des surfaces concernées).
Une fois déposé le dossier Brouilly à l'Inao, Côte de Brouilly se penchera à son tour sur la sélection de ses lieux-dits candidats à la reconnaissance en premier cru. « Nous avons volontairement choisi de ne pas déposer les deux dossiers ensemble pour bien les différencier, car beaucoup de gens font l'amalgame entre ces deux crus », précise le président de Terre des Brouilly. Et si Brouilly a été choisi pour « essuyer les plâtres », c'est que le travail sur Côte de Brouilly sera particulier : « Cette AOP a la caractéristique unique d'être à 360 ° : elle couvre tous les versants du mont Brouilly. »
* : L'association créée en 2017 représente les 300 vignerons des appellations Brouilly et Côte de Brouilly