'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses. Et le bilan ce mercredi 22 novembre du vote en plénière du Parlement Européen sur le règlement d'utilisation durable des pesticides (SUR) ne cesse d’être source d’enseignements pour la filière vin. « Ce fut un long vote » rappelle un communiqué de l'Assemblée des Régions Européennes Viticoles (AREV), regrettant le rejet du texte virant au compromis entre les propositions des commissions d’eurodéputés de l’Agriculture et de l’Environnement (Comagri et Comenvi).
« Certains des amendements adoptés reprenaient des aspects de la position de la Comagri » note l’AREV, « à savoir l’objectif de réduction de 50 % des pesticides au niveau de l'Union Européenne d'ici 2035, des objectifs nationaux de réduction d'au moins 35 %, les années de référence 2011-2013 (et non 2015-2017), des lignes directrices au lieu de normes pour la lutte intégrée contre les ravageurs, des zones sensibles déterminées par les États membres et la révision des objectifs en 2029 ».
« Certes, les objectifs initiaux étaient irréalisables, mais un travail remarquable a été réalisé pour obtenir un compromis raisonnable en Comagri » abonde un communiqué des Vignerons Coopérateurs, qui regrette que « ce travail se trouve balayé d’un revers de la manche par ceux qui trouvent que le texte ne va pas assez loin, et préfère une forme de terre brulée… Et l’absence de règlement nous renvoie à nos concurrences entre Etats Membres ou encore à des choix réglementaires nationaux dont on ne peut garantir qu’ils seront raisonnables. »
Refaisant le match, l’AREV note que « les Verts, la plupart des Socialistes et Démocrates (S&D), ainsi que certains membres de Renew Europe (en particulier les membres de la Comenvi), ont voté contre le texte final tel que modifié par les amendements adoptés démocratiquement, car selon eux, il n'était pas assez ambitieux » ainsi que « le groupe Identité et Démocratie (ID) et une partie des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) ont également voté contre, car ils se sont opposés dès le départ à la proposition de la Commission et à toute forme de compromis. » Membre de la Comenvi, la rapporteure du texte « Sara Wiener a procédé à un vote pour demander la reprise des travaux sur le texte au sein de la Comenvi, avec un résultat négatif à une courte majorité (324 voix contre 292) ».
« La construction européenne c’est un long et lent travail de compromis, d’avancées et de discussions qui visent à mettre d’accord nos 27 pays, le parlement et plus largement l’opinion publique de nos Etats membres » met à distance le communiqué des Vignerons Coopérateurs, notant que « c’est une construction démocratique où toutes les voix se font entendre et dans laquelle il n’y a pas de victoire ou de défaite, il n’y a pas de gloire individuelle de certains. Mais une construction dans laquelle il y a un progrès collectif à attendre et à atteindre. »
Dans un contexte d’élections européennes (dimanche 9 juin 2024 en France), « l'AREV regrette que ces groupes aient préféré une approche rêveuse à une solution pragmatique et qu'ils aient refusé d'accepter le choix et les accords soutenus par la majorité du Parlement européen, d'autant plus lorsqu'il s'agit de questions aussi cruciales et aux conséquences immédiates pour la souveraineté alimentaire, l'avenir des zones rurales, y compris la culture, comme des pions dans un jeu politique ».


Désormais, « il appartient à la Commission Européenne de décider si elle présente une nouvelle proposition ou si elle continue avec l'actuelle, bien qu'une deuxième lecture soit possible si le Conseil décide d'aller de l'avant ; une telle option semble peu probable » analyse l’AREV, n’arrivant pas à faire le deuil du vote du 22 novembre et regrettant toujours que « les efforts déployés pour parvenir à une proposition raisonnable et logique ont été contrecarrés par ceux qui prétendaient vouloir une réduction plus marquée de l'utilisation des pesticides, signe évident de leur incapacité à dialoguer avec le secteur agricole ».