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Du safran au pied des vignes, une légèreté de bulbe pour la polyculture
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Vitis et Crocus
Du safran au pied des vignes, une légèreté de bulbe pour la polyculture

La polyculture est une des voies d’avenir de la vigne d'après les expérimentations du château Couhins, propriété bordelaise implantant des bulbes de safran au pied de ses vignes.
Par Sarah El Makhzoumi Le 12 novembre 2023
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Du safran au pied des vignes, une légèreté de bulbe pour la polyculture
Le safran est planté au pieds des vignes. Il se récolte au début de l'automne. - crédit photo : Jérôme Miramon
A

u château Couhins, c’est en cherchant une diversification compatible avec la culture de la vigne que Dominique Forget, directeur technique, et Jérôme Miramon, chef de culture, ont pensé à une plantation de bulbes de safran suivant celle de la vigne dans la propriété de Pessac-Léognan de l’Institut National de Recherche pour l'Agriculture et l'Environnement (INRAE).

« L’idée de faire pousser du safran a germé à la suite de mon expérience personnelle. J’en cultive chez moi aux pieds de mes ceps de raisins de table. », explique le chef de culture. Le Crocus sativus est une plante vivace. Cependant un bulbe moyen se multiplie par trois l'année suivante. Il est donc possible de l'arracher pour replanter et multiplier ces derniers ou les laisser en terre et arracher plus tard. « Un jour je cherchais que faire des bulbes qui s’étaient multipliés chez moi et nous avons trouvé que l’idée de les replanter aux pieds des vignes du château pour un essai était intéressante. »

Un rodage pas à pas

En 2021, le Château plante donc 2 000 bulbes. L’expérience étant satisfaisante, l’équipe décide alors de réitérer l’expérience en 2022 avec 8 000 bulbes de plus, puis en 2023 avec 10 000 bulbes à nouveau. Sur les 32 ha du domaine menés en bio, cela représente 20 000 bulbes sur 10 ares de polyculture safran/vigne.

« Nous y sommes allés pas à pas, pour comprendre la culture et nous laisser l’occasion de nous rôder et de se l'approprier. », raconte Jérôme Miramon. En effet, elle est inversée avec celle de la vigne. Lorsque la vigne rentre en repos végétatif, c’est la période durant laquelle les fleurs de safran sont prêtes à récolter. La plantation se fait en été : « La préparation du sol se passe mécaniquement en amont. On passe la charrue à 10cm des pieds puis on implante les bulbes à 10/15 cm de profondeur. On recouvre mécaniquement en buttant le rang. » L’entretien du rang est tout aussi mécanique puisque les outils ne pénètrent jamais dans le sol à profondeur de plantation. La récolte, l’émondage (extraction des stigmates)  et le conditionnement se font à la main.


crédit photo : Jérôme Miramon

Rusticité

« J’ai l’impression que c’est une plante vraiment rustique. Nous sommes encore en phase d’observation face aux maladies ou aux ravageurs de la plante. Pour le moment nous n’avons observé que des dégâts perpétrés par les lièvres. » Si la culture continue à se développer sans encombres, le domaine envisage de récolter les bulbes s'étant multipliés au bout de quatre ans pour les replanter dans le reste du parcellaire. 

Pérennisation des emplois et revalorisation

« C’est un très bon moyen de faire durer les emplois saisonniers un peu plus longtemps dans la saison ! », aime dire le chef de culture. Puisque la récolte des fleurs se fait juste après celle du raisin, pas besoin de recomposer une nouvelle équipe ! « Nous avons terminé les vendanges le 6 octobre et entamé la cueillette des fleurs le 16 octobre. L’un des autres avantages reste la simplicité de formation. En quelques heures de pratiques le tour est joué ! Cette année, pour 20 000 bulbes jeunes, nous avons pu faire travailler 2 à 3 personnes toute la journée au plus fort de la saison. Nous attendons de voir lorsque la culture sera à son maximum de production la main d'oeuvre dont nous auront finalement besoin. »

Une culture non concurrentielle
 

Aucun impact négatif n'est observé sur la vigne à ce jour. La culture permet de couvrir le cavaillon en automne/hiver, une meilleur infiltration de l’eau, elle améliore le stockage du carbone dans le sol. Elle n'est pas non plus concurrentielle en eau avec la vigne. En début de saison, aux alentours d’avril, le safran sèche, en pafaite synchronicité avec la vigne qui reprend vie. « Dans la saison on entretient avec des disques émotteurs, des lames bineuses ou une décavaillonneuse réglée pour un travail superficiel. Si beaucoup d’herbe s’est développée, on fait un chaussage au printemps, ou un coup de lame. On peut gagner un passage de tracteur puisqu’on ne fait pas le buttage d’automne » rapporte le chef de culture.

Pas de perte d’argent non plus : le safran se vend entre 30 et 40 € le gramme. Cette année, le Château a récolté 200 g de stigmate sur 10 ares. « Pour les 3 000 € investit cette année pour cette culture, nous ne sommes donc pas perdants ! », rapporte Jérôme Miramon. « Nous calculons encore le coût de production exacte, mais nous pensons que c’est un super outil de revalorisation de parcelle dans le milieu viticole. », conclut-il, positif !
 

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Tous les commentaires (1)
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BioRev Le 17 novembre 2023 à 08:22:37
Merci pour ce témoignage et Bravo ! Le courage, l'intelligence et la patience sont souvent le trio gagnant. Oser sortir des sentiers battus de l'agro-industrie, qui engendre des crises systémiques. Observer la nature, expérimenter, accroitre ses connaissances. Organiser un plan de financement à 5 ans
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