u domaine des Ganapes à Réalville, dans le Tarn-et-Garonne, Mélanie et Guillaume Boussac ne voient pas leurs ventes baisser. Au contraire, ils manquent de vin. Leur secret ? L’innovation. Dernière trouvaille, les gérants de cette exploitation familiale ont décidé de lancer chaque année une cuvée dont la composition et le contenant changent d’un millésime à l’autre.
«On y pensait depuis trois ou quatre ans, explique Mélanie. L’an dernier, nous avons créé la cuvée Lou Bestio.» Un assemblage de syrah et alicante vinifié avec des levures indigènes. «On trouvait que ce vin était sympa. On l’a fait goûter autour de nous et au vu des retours positifs, nous l’avons mis en bouteillecons», poursuit-elle. L’idée du nom de la cuvée est venue assez rapidement puisqu’elle était marquée par des notes de cuir : ce sera Lou Bestio, «la bête» en patois local. Et pour l’habillage : une capsule noire et une étiquette illustrée d’un sanglier dessiné sur un fond noir également.
Le domaine des Ganapes a tiré 1 500 bouteilles de Lou Bestio qu’il vend 12€, là où ses autres vins – 3 rouges, 2 rosés et 3 blancs – sont vendus entre 5 et 9€ TTC. En tout, il produit environ 1 400hl par an pour 20 000 à 25 000 bouteilles et le reste en Bib. «Proposer une nouvelle cuvée nous permet de vendre davantage en bouteille et, ainsi, de mieux valoriser nos produits.»
Cette année, le couple a des vues sur une cuve de 50hl de merlot «qui a un côté grillé et tabac très particulier». Il décidera après l’élevage s’il en fera sa cuvée particulière, comment il la nommera et l’habillera.
Avant d’avoir eu l’idée de ces cuvées éphémères, les Boussac ont redynamisé leur stratégie marketing et commerciale. «Il y a trois ans, nous avons intégré un nouveau collaborateur, Dimitri Balsemin, qui possède une expérience du marketing et du commerce», relate Mélanie. Dimitri a conçu le site internet et les comptes Instagram et Facebook du domaine et les alimente. Il a surtout redynamisé l’image des Ganapes en créant un logo et en repensant le packaging des bouteilles.
«Désormais nos vins portent des noms à consonnance locale, sympas et drôles», souligne Mélanie. Et cela semble porter ses fruits. «Nous vendons à 80% en direct dans un périmètre d’environ 50km autour de la ferme, notamment sur les marchés. Nos nouvelles étiquettes attirent les curieux. Des gens qui seraient passés devant notre stand sans s’arrêter prennent le temps de regarder, de goûter. Et comme nos prix sont raisonnables, ils achètent et reviennent», s’enthousiasme-t-elle.
En plus de rencontrer leurs clients sur les marchés, les Boussac les invitent à venir chez eux. «L’an dernier, nous avons relancé nos portes ouvertes après les avoir arrêtées car nous n’avions plus le temps ni l’envie de les faire. Cette année, nous y avons ajouté un marché de producteurs locaux et une soirée musicale. On va également organiser une soirée vin nouveau, avec de la charcuterie et du fromage.» Au domaine des Ganapes, les idées fusent.
Outre du vin, le domaine des Ganapes produit des fruits «car c’est risqué de n’avoir qu’une seule culture», estime Mélanie Boussac. Parmi ces fruits, du muscat de Hambourg vendu comme raisin de table. Mais «les années très pluvieuses, nous n’arrivions pas à le garder jusqu’à sa maturité optimale», ajoute-t-elle. Il y a quatre ou cinq ans, le couple de vignerons décide d’utiliser une partie de ces raisins pour produire un rosé moelleux. «C’est un vin d’apéro qui plaît beaucoup. Il a 30-35g/l de sucres et possède des notes florales.» Et comme il ne titre que 11 à 12% vol. d’alcool, il s’adapte parfaitement aux tendances de consommation actuelles.