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Mode d’emploi de retenue collinaire pour un vignoble en zone méditerranéenne
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Mode d’emploi de retenue collinaire pour un vignoble en zone méditerranéenne

Dans l'Hérault, le domaine de La Jasse a finalisé l'aménagement d'une retenue d'eaux de pluie hivernales. Permettant l'irrigation des vignes en zone méditerranéenne, le point d'eau apporte de nouvelles perspectives pour le maintien de la biodiversité, la vie des sols ou la lutte contre les incendies.
Par Olivier Bazalge Le 30 octobre 2023
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Mode d’emploi de retenue collinaire pour un vignoble en zone méditerranéenne
Peu rempli à la sortie de l'été, le bassin de 21 500m3 dont bénéficie Bruno Le Breton reconstituera son volume au cours de l'hiver - crédit photo : O.Bazalge
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ux portes de Montpellier, le domaine de la Jasse dispose depuis novembre 2022 d’une retenue collinaire d’une capacité de 21 500 m3. Financée à plus de 40 % par des aides communautaires régionales et départementales, cette retenue était devenue incontournable « pour maintenir l’entreprise durable », explique le propriétaire Bruno Le Breton. La propriété dispose pourtant déjà d’un forage que Bruno Le Breton qualifie même « d’inépuisable, mais c’est une ressource communale qui ne nous appartient pas et que l’on pourrait donc nous supprimer ou rendre très chère à tout moment ».

Dès le rachat du domaine en 2008, Bruno Le Breton se tourne vers une orientation RSE (responsabilité sociétale des entreprises) de son fonctionnement, impliquant une approche stratégique de la pérennité de sa production. « Aujourd’hui, une entreprise viticole n’est durable que si elle a de l’eau à disposition. En voyageant dans d’autres régions viticoles dans le monde, j’ai trouvé presque partout des retenues collinaires », poursuit le vigneron héraultais. L’idée fait donc son chemin, d’autant que l’entreprise déjà certifiée RSE niveau 4 a franchi depuis 2021 le cap de société à mission, avant d’obtenir en 2023 la certification internationale BCorp. « Notre production viticole n’a pas besoin de grandes quantités d’eau, mais la question de l’eau est centrale pour alimenter l’ensemble des cycles biologiques, la biodiversité ou les enjeux de couverts végétaux et de sols vivants », appuie Bruno Le Breton.

Aucune collecte d’eau n’est possible en période de restriction des prélèvements

Au terme de longues études préliminaires autofinancées, un petit bassin versant d’une cinquantaine d’hectares est identifié sur les 200 ha de vignes et garrigues de la propriété. Seules les eaux de ruissellement hivernales seront recueillies à l’aide de deux fossés d’approvisionnement dirigés vers une retenue aménagée dans les marnes qui assurent l’étanchéité naturelle du bassin, sans toile ni bâche. Depuis le départ, le projet est mené en collaboration avec la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) et la police de l’eau, ainsi que le syndicat du bassin du Lez (SYBLE). Le bassin est conçu et géré de manière à minimiser son impact sur le milieu. Ainsi, « aucune collecte d’eau n’est possible en période de restriction des prélèvements. De même, un volume mort de 1 000 m3 reste disponible notamment en période estivale pour la faune locale», défend le propriétaire du domaine de la Jasse. De même, une convention est prévue avec les pompiers locaux pour pouvoir utiliser cette eau contre les incendies.

Chaque fossé d'approvisionnement est équipé pour orienter les écoulements et ne recueillir que les eaux de ruissellement hivernales - OB

Au total, c’est un investissement de 400 000 €, supporté hors-aides par la SCEA du domaine, qui a abouti à la concrétisation de cette retenue en novembre 2022. « Elle s’est surtout remplie tardivement en fin d’hiver jusqu’à 16 000 m3, sans jamais atteindre sa capacité maximale », décrit Bruno Le Breton. Le volume s’est révélé très largement suffisant pour les 33 ha de vignes irriguées, en suivant le modèle de bilan hydrique prédictif d’adaptation aux besoins en eau de la vigne de l’outil Vintel proposé par la société ITK. « Le besoin oscille entre 400 et 800 m3/an/ha et le résultat de la 1ère campagne d’exploitation nous satisfait pleinement », valide Bruno Le Breton. Alors que le secteur grouille de sangliers, ceux-ci n’ont pas nécessairement envahi les abords de la retenue mais Bruno Le Breton engage également un travail avec un ornithologue spécialiste des espèces disparues en milieu agricole.

Argent utile

A l’heure où la gestion de l'eau cristallise les attentions autour de la pérennité de la production viticole en zone méditerranéenne, l’aménagement de retenues collinaires offre une perspective d’approvisionnement sécurisé. Ne récupérant que le ruissellement d’épisodes pluvieux intenses, ce type d’aménagement semble cocher la plupart des cases d’un impact environnemental limité voire neutre. Comme le rappelle Bruno Le Breton face à l’investissement conséquent, « c’est de l’argent mis dans l’utile ».

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Tous les commentaires (4)
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Son voisin de Claret Le 01 novembre 2023 à 12:02:39
Merci Robert pour ta remarque On peut découvrir l eau chaude 40 ans plus tard Que de temps perdu
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Dumas Le 01 novembre 2023 à 09:40:53
C'est donc possible.. si ON veut. ON = pouvoirs publics!.. MAIS comment rendre compatible le maintien en vie d'une production que tout accable ?. campagne anti alcoolique, déconsommation constante du vin rouge tranquille, guerre contre les intrants, changement climatique... Comment financer la survie d'un produit auquel les nouvelles générations n'adhèrent plus? Comment sauver les viticulteurs concernés si ce n'est en remplaçant de la vigne par une production moins chargée négativement et attendue par un marché inexistant aujourd'hui : l'Amandier. Les besoins en eau n'auront pas à être justifiés pour une production économiquement rentable, pour son développement industriel, pour une nouvelle vie agricole dans le Languedoc et puis, pourquoi ne pas imaginer que l'Occitanie devienne le premier producteur Européen d'amandes Bio devant l'Espagne?.. Rêvons un peu dans ce néant mortifère!
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Leclerc Le 01 novembre 2023 à 04:02:19
Les retenues d'eau "multi-usages" (irrigation + lutte contre les incendies, dans ce cas et celui évoqué dans le 1er commentaire) sont la (seule ?) solution, en additionnant les légitimités. Dans ce but, n'oublions pas la fonction possible et la grande légitimité collective d'ECRETEMENT DES CRUES, dont le besoisn commence pile quand finit le besoin d'irrigation. Les expériences peuvent être signalées à l'Union Nationale des Associations de Lutte contre les inondations
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Boeckel Le 31 octobre 2023 à 00:34:38
Nous avons ça à claret [34] depuis les années 80 notre retenue collinaire nous permet d irriguer nos cultures et les pompiers peuvent se brancher sur n'importe quelle borne d irrigation répartie dans la plaine
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