’affaire n’est pas récente. Les faits, s’ils sont avérés, remonteraient à la commercialisation des vins de la DO Valdepeñas (Castilla La Mancha) en 2017, 2018 et 2019. Une plainte du Procureur de la République a été admise en avril 2021 suite à des enquêtes menées pour déterminer la nature des faits et les personnes impliquées. Et c’est désormais la juridiction nationale qui entendra les témoignages des dirigeants cités. Le directeur général de la société Félix Solís (Casa Albali) ainsi que l’administrateur de Garcia Carrión (Pata Negra, Jaume Serra, Don Simon…) sont sommés de comparaître pour s’expliquer sur des accusations de fausses mentions de vieillissement sur des vins de Valdepeñas.
Le tribunal leur reproche, en effet, d’avoir commercialisé des vins labellisés « Crianza », « Reserva » et « Gran Reserva » qui n’auraient pas respecté les cahiers des charges de l’appellation quant aux exigences en matière de durée de vieillissement en fûts de chêne ou en bouteilles. Les deux entreprises sont poursuivies pour publicité mensongère, fraude et fausse documentation. Deux organismes certificateurs, Sohiscert et Liec Agroalimentaria sont également poursuivis comme co-auteurs du délit. En revanche, l’enquêteur demande au Procureur de classer sans suite les procédures lancées à l’encontre des entreprises Navarro Lopez et Fernando Castro étant donné que la documentation ne permet pas d’affirmer qu’elles ont participé à une activité illégale en matière de production de vin sous la DO Valdepeñas.
Ce sont des incohérences entre les volumes déclarés par la DO et ceux commercialisés par les deux entreprises qui ont soulevé les premiers doutes. Dans le cas de Félix Solís, le juge note qu’il est clair que les parties enquêtées « ont effectué une commercialisation de vins rouges sous la dénomination d'origine Valdepeñas avec les mentions crianza, reserva et gran reserva, dans des quantités beaucoup plus élevées que celles déclarées au Conseil régulateur de la dénomination d'origine Valdepeñas, au cours de la période correspondant aux années 2017, 2018 et 2019… ». García Carrión S. A., Grupo Vinartis S.A. et José G. C. auraient également commercialisé des vins rouges sous l'appellation d'origine Valdepeñas « sans respecter les exigences de production, ni en ce qui concerne la période minimale de vieillissement, ni le temps passé en fûts de chêne, ni en bouteille ». Parmi les indices relevés, « un nombre insuffisant de barriques pour le vieillissement nécessaire du vin commercialisé ».
L’organisme agricole Union de Uniones de Agricultores y Ganaderos a décidé de se constituer partie civile dans cette affaire afin de « savoir si cette fraude a pu causer un préjudice économique aux viticulteurs en vue de réclamations futures ». Le syndicat dénonce « un autre scandale qui vient s’ajouter à la liste des événements regrettables qui se produisent depuis des années dans la DO, où, même sous la gestion du ministère de l'Agriculture, après la dissolution de l'interprofession, les industriels font et défont ce qu’ils veulent ». Dans une déclaration publiée cette semaine dans la presse professionnelle espagnole, Félix Solís se dit « convaincu d’être en mesure de démontrer l’existence d’interprétations incorrectes et l’omission de données essentielles dans les rapports de l’UDEV [NDLR : Unité de délinquance spécialisée et violente] ».