u’elle s’annonce chaude la fin d’année dans le vignoble. Et il n’est pas seulement question de l’automne estival qui accompagne la fin des vendanges françaises. Le désarroi vigneron ne cesse de croître dans le Languedoc en général et dans l’Aude en particulier où l’ambiance n’est plus mauvaise, elle est explosive. Ce mardi 17 octobre à 18 heures, une réunion d’information du Syndicat des Vignerons de l’Aude se tiendra à l’espace culturel de Ferrals-des-Corbières : l’occasion d’exposer les attentes de la production en termes de positionnement du négoce sur des prix de marché supérieurs aux coûts de revient pour le vin en vrac, tout en tenant compte de l’inflation des charges ET SURTOUT de la nécessité de dégager une marge pour vivre dignement et investir dans l’avenir.
Un meeting pour marquer la fin de la récolte et annoncer le début de la révolte ? Il semble déjà écrit qu’il s’agira d’une grande réunion pour exprimer la détresse du vignoble et pour demander la considération des metteurs en marché, mais aussi pour constater l’impasse actuelle et préparer la mobilisation de protestation qui ne pourra conduire qu’à des manifestations et à des actions... Plus ou moins légales. Bouillonnant depuis des mois, le vignoble languedocien pourrait voir renaître le CRAV (Comité Régional d'Action Viticole, pour peu qu’il ne soit jamais mort…) et ses actions coups de poing (des innocents tags aux dégradations illégales). En coup de semonce avant le 17 octobre, une action signée par un tag « Non import CAV » (pour Comité d’Action Viticole) est rapportée par l'Indépendant dans la nuit de ce jeudi 5 octobre avec une tentative d’incendie d’un embouteilleur.
Annonciateur d’autres actions, cet avertissement menaçant est envoyé au négoce, sur le grill depuis des mois. Mais quand on écoute les négociants, ils se sentent eux aussi pris entre le marteau des demandes de bas prix d’une grande distribution et l’enclume d’un vignoble ayant des volumes en stock à écouler. Comment éviter le bruit et la fureur ? En mobilisant peut-être les outils interprofessionnels pour généraliser la contractualisation entre opérateurs : que l’amont ait le cahier des charges des ventes de l’aval, avec des amortisseurs de mises en réserve pour les grandes comme petites récoltes. La question du prix de vente inférieur aux coûts de production doit aussi être résolue, la filière ne pouvant se revendiquer de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) quand le vrac reste le maillon faible sur lequel toutes les pressions portent.
À marge forcée, la colère collective peut devenir force créative. D’autant plus que ces enjeux ne sont limités à l’Aude ou au Midi, touchant Bordeaux, la vallée du Rhône… Et pouvant menacer d’autres vignobles. L’histoire est-elle condamnée à se répéter dans une montagne russe où se succèdent montées d’euphorie et chutes de crise ? Pas si ses acteurs sortent des tracés préétablis pour se transformer. « Qu’on ne dise pas que je n’ai rien dit de nouveau, la disposition des matières est nouvelle » écrivait Pascal dans ses Pensées.