ientôt la fin de 10 ans de structuration industrielle pour l’union coopérative Maison Sinnae (ex-Laudun Chusclan). Il ne reste désormais que le caveau de vente de Laudun (Gard) à refaire en 2024 pour créer un pôle œnotouristique à 500 000 € : après 16 millions € d’investissement (dans une cave à vins blancs pour Laudun, des cuveries adaptées aux domaines à Chusclan…), ce sera « la cerise sur le gâteau » résume Philippe Pellaton, le président de Maison Sinnae (2 450 hectares de vignes pour 170 adhérents en AOP et IGP de la vallée du Rhône méridionale*). Venant d’ouvrir le nouveau caveau de vente de Chusclan cette année, le viticulteur gardois vient surtout d’inaugurer la nouvelle plateforme d’embouteillage et de logistique du premier groupe coopératif rhodanien.
Représentant un investissement de 6 millions €, cette nouvelle chaine d’embouteillage tourne à 6 000 bouteilles/heure et ces nouveaux entrepôts accueillent 2 à 2,5 millions de cols en stock (sur une capacité de 4 millions). Cet ensemble industriel permet de renforcer la capacité de commercialisation directe de l’union coopérative, qui conditionne actuellement 51 % de ses volumes, soit l’équivalent de 8 millions de bouteilles/an (65 % de bouteilles et 35 % de BIB) et se fixe comme objectif d’atteindre les 10 millions de cols/an : sur un potentiel théorique de 15 millions cols, qui correspond aux dimensions des nouveaux outils de production.
Rappelant qu’en 2007 les caves tout juste fusionnées de Laudun et Chusclan commercialisaient l’équivalent de 2 millions d’équivalents cols 75 cL, Philippe Pellaton note que le 100 % conditionné n’est pas une fin en soi. Préconisant l’équilibre (entre vrac/bouteille, marques propres/MDD, marché national/export…), le président de Maison Sinnae souhaite autant pouvoir continuer à travailler en vrac de manière occasionnelle (pour ne pas dire opportuniste selon les demandes et valorisations), que de pouvoir monter les volumes embouteillées (sans avoir à envisager de nouveaux investissements, les sites étant en mesure de tout conditionner).
Maintenant que la phase industrielle est achevée, il faut désormais monter en gamme pour le groupe coopératif. Déployant une stratégie marque depuis son changement de nom en 2020, « il faut passer à la phase de promotion et de communication, je veux mobiliser les jeunes » indique Philippe Pellaton, pour qui, il n’y a plus qu’à amortir les investissements en premiumisation. « Je suis particulièrement satisfait par la fin de la phase de restructuration » confie-t-il, optant pour une stratégie offensive donnant « la capacité aux jeunes de s’installer et la possibilité d’être plus affranchi du vrac pour avoir de la visibilité économique ». En témoigne le millésime 2022 : très réduite en quantité par la grêle, la récolte n’a pas causé de chute des rémunération des apports, maintenues grâce aux bouteilles (représentant 65 % des 20 millions € de chiffre d’affaires, pour 35 % de vrac).


Pour l’avenir, Philippe Pellaton mise sur « trois moteurs, trois relais de croissance : l’évolution sur les blancs (15 à 16 000 hl grâce à l’AOC Laudun Villages blanc sur les 100 000 hl produits, ce qui est important vis-à-vis des 5 % de vins blancs en moyenne en vallée du Rhône), la stratégie export (20 % du conditionné, en dessous de la moyenne régionale) et la reconnaissance en cru de l’AOC Laudun (espèrée en 2024). Sans négliger les Côtes du Rhône, dont nous sommes le premier opérateur, ni les IGP, comme nous sommes un territoire mixte ».
* : Soit 55 % des volumes en AOC Côtes du Rhône, 30 % en IGP Pays d’Oc et Gard, 15 % en AOC Côtes du Rhône Villages.