e jeudi 7 septembre, une centaine de vendangeurs s’activent au Château de Corcelles, dans le beaujolais, où la filière viticole et les élus du territoire reçoivent la préfète de Région AURA Fabienne Buccio.
« L’année s’est très bien passée, se réjouit la propriétaire du domaine, Corinne Richard. Nous rentrons les raisins depuis trois jours : la récolte est saine, il y a un joli volume et une belle concentration des baies, sans excès. » Quant aux travailleurs détachés qui s’activent sous le soleil, « le domaine les embauche en direct et les loge », rassure-t-elle lorsque la préfète s’en inquiète*.
L’optimisme est global : « le millésime 2023 va être beau dans le beaujolais », abonde Daniel Bulliat, vice-président de l’interprofession. Il était en tout cas « très attendu, rappelle son président Philippe Bardet. Les stocks à fin juillet sont très bas, presque au niveau de l’an dernier. Le changement climatique entraîne des baisses de rendement. Cela nous fragilise car cela impacte la rentabilité dans les exploitations et la capacité à mettre en marché les volumes demandés. »
Impuissant face au climat, l’Etat est en revanche attendu sur le volet économique et commercial, pour « défendre nos appellations et ouvrir des marchés à l’export », évoque Philippe Bardet, rappelant l’impact dramatique de la taxe Trump. L’attention de la préfète a aussi été attirée sur le dossier environnemental. « Le beaujolais vit une belle période car nos vins sont plébiscités par les consommateurs, mais on s’interroge sur la place du vin en France, pointe Jean-Marc Lafont, président de l’ODG des crus. D’un côté on nous félicite, de l’autre on nous impose de plus en plus de contraintes, notamment environnementales. Or le temps politique et médiatique n’est pas le temps agricole et viticole ! S’il faut passer du gobelet peu mécanisable à une vigne palissée permettent de travailler le sol, cela prend du temps… »
Autre demande très concrète : « Pour lutter contre la flavescence dorée, 98 % des vignerons jouent le jeu mais les nombreuses friches posent problème, reprend Philippe Bardet. Nous avons besoin des services de l’Etat pour forcer les gens à arracher ou traiter ces parcelles abandonnées. »
Surcharge administrative, manque de vocations, difficultés à se loger… D’autres défis sont à relever pour la filière. Mais au milieu des doléances, son message se voulait résolument positif. « Le beaujolais ne pleure pas, le beaujolais n’est pas en crise, le beaujolais travaille, conclut le président de l’interprofession. On ne demande pas d’argent, seulement de la compréhension. »
* : Précédemment en poste à Bordeaux, la préfète Fabienne Buccio y avait mis en place une charte de bonnes pratiques pour les prestataires de services en 2022.