i le climat est météorologiquement porteur pour la production du vignoble charentais, il n’est pas économiquement rassurant pour sa commercialisation. Ce millésime 2023, « la récolte sera importante et le rendement annuel maximum autorisé est fixé à un niveau relativement bas » résume le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC). La section d’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) valide ce 4 septembre la proposition du comité permanent du BNIC de fixer le rendement annuel maximum autorisé à 10,50 hectolitres d’alcool pur par hectare (hl AP/ha) pour répondre aux besoins commerciaux de la filière charentaise à partir du potentiel de production mesuré.
Grâce à une campagne viticole globalement favorable, la récolte s’annonce homogène dans les vignes d’AOC Cognac rapporte le BNIC, qui évoque un rendement agronomique de 145 hectolitre/hectare pour un Taux Alcoométrique Volumique (TAV) de 9,8°.alc, soit 14,2 hl AP/ha. Élevé, le différentiel entre les rendements agronomique et annuel maximum va permettre de reconstituer la réserve climatique des viticulteurs charentais, dans les limites du rendement butoir (16 hl AP/ha) et d’un plafond total (10 hl AP/ha).


Pour inciter à la mise en réserve, des offres bancaires sont proposées pour la première fois par les caisses du Crédit Agricole Charente-Périgord et Charente-Maritime-Deux-Sèvres indique le BNIC. « Au-delà de l’aspect assurantiel, la réserve climatique garantit la pérennité et la stabilité économique de nos exploitations viticoles » déclare dans un communiqué Christophe Veral, le président du BNIC, ajoutant que la réserve « peut permettre à chacun de s’engager plus sereinement dans des pratiques culturales visant à accélérer sa transition environnementale et veiller à la qualité de ses eaux-de-vie ».
Confiant à long-terme sur les ventes de Cognac, l’interprofession se montre prudente à court-terme. « Les marchés sont attentistes depuis quelques semaines mais ils vont redémarrer, nous y travaillons tous » déclare Alexandre Gabriel, vice-président du BNIC, ajoutant qu’entre production et négoce, « nos deux familles et l’ensemble de notre communauté doivent pleinement s’engager durant cette campagne pour relever le challenge logistique que cette mise en réserve représente ».
La proposition de rendement va être soumise au comité régional de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (CRINAO) avant d’être examiné nationalement ce mois de septembre. Et « d’ici quelques semaines, notre demande d’autorisations de plantations nouvelles se fera aussi de la même façon et elle portera sur un nombre d’hectares réduit par rapport aux années précédentes » ajoute le BNIC.
A noter qu’« une fois la réserve climatique constituée, le fléchage d’excédents éventuels vers d’autres débouchés devra être géré avec la plus grande rigueur, dans le respect de la réglementation et des grands équilibres de nos filières » annonce le BNIC.