Je passe devant une parcelle en première année de problème, 80% des grappes sont cramées ». Ce 10 août, le vignoble offre un triste spectacle au conseiller Pierre Forgeron. « Hier, le ciel s’est découvert et nous sommes passés d’un 27 à un 36°C ».
En pleine véraison, ce coup de chaud a fait beaucoup de dégâts. « D’autant plus que la peau des baies est très fine comme la vigne n’avait pas encore connu le manque d’eau et le chaud ». Le technicien table sur 3 à 5% de perte de récolte sur la totalité des Charentes. Toutes les grappes non ombragées entre 16h et 18h sont touchées. « Finalement, ce sont les viticulteurs qui n’ont pas eu le temps d’écimer avant de partir en vacances qui vont le mieux s’en tirer » continue Pierre Forgeron. Il préconise à ceux qui sont rentrés appliquer du talc ou de la kaolinite en prévision du prochain coup de chaud et ses 42°C attendus cette fin de semaine.
« Et derrière, c’est la grêle et la pourriture grise qui nous pendent au nez. » Comme les grappes sont très compactes, Pierre Forgeron craint également que de la pluie ne fasse gonfler et exploser des baies avant les vendanges.


« Il y a un gros potentiel, mais rien n’est joué tant que le raisin n’est pas rentré » prévient-il. Pierre Forgeron espère surtout que la qualité sera au rendez-vous. « Le marché du cognac ne se porte pas bien, le Titanic commence sérieusement à frotter l’iceberg et les grandes maisons sauteraient sur l’occasion pour renvoyer des vins. Je crains des défaillances… »
Il s’inquiète par ailleurs de voir de plus en plus d’esca. « Il y a de plus en plus de formes apoplectiques et entre 8 et 10% le nombre moyen de pieds touchés sur les vignes âgées de 10 à 30 ans » estime-t-il. Chez un client, le conseiller vient de compter 22 pieds touchés sur 200 mètres de rang. Et il témoigne d’une augmentation des symptômes sur des parcelles de 5 ans.