'alarme incendie résonnait ce 15 juillet, lors des premières minutes de l'Assemblée Générale du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux. Rapidement réduite au silence, cette irruption discordante rappelait des éclats maintenant lointains, et étouffés (notamment par l'arrêt de la Cour de Justice Européenne). Après la crise de 2008, la filière bordelaise montre désormais un front résolument harmonieux. En témoigne l'élection de Bernard Farges comme président du CIVB, candidat du collège de la production et soutenu par la Fédération des Négociants. Tirant le bilan personnel de ses trois ans de mandat, Georges Haushalter résumait que « ce qui rassemble est plus important que ce qui divise nos familles ».
Avant de rendre la présidence du CIVB, Georges Haushalter rendait également compte de son action, indissociable du plan Bordeaux demain (pour en savoir plus, cliquer ici). Il commençait par constater la hausses du prix du tonneau (au-delà de mille euros en Bordeaux rouge), des sorties de chai et des exportations, jugeant que « la filière va moins mal, et que si des contestataires accusaient le CIVB d'être responsable à l'époque des mauvais chiffres, j'espère que nous sommes aujourd'hui un peu responsable de ces améliorations ». Suite au vote du nouveau bureau du CIVB (12 membres issus de la viticulture et 12 membres issus du négoce), l'élection du président a eu lieu, ponctuée d'applaudissements (notamment pour saluer le travail de Roland Feredj, directeur du CIVB ces 25 dernières années). Seul candidat en lice, Bernard Farges (président du Syndicat des Bordeaux et Bordeaux supérieur) a été élu sans anicroche.
Président de la Fédération des Négociants et vice-président du CIVB, Allan Sichel s'est empressé de féliciter Bernard Farges (photo), mais a tenu à souligner « l'ambiguïté que constituait le cumul des mandats de président de la CNAOC (Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées) et de président du CIVB ». En réponse, Bernard Farges (président de la CNAOC depuis 2011) espérait « avoir déjà défendu les intérêts de Bordeaux parmi tous ceux nationaux. Ca ne changera pas. » Parmi les dossiers qu'il trouvera sur son nouveau bureau bordelais, l'enquête anti-dumping et anti-subvention des autorités chinoises (qui nourrit la crainte d'un hausse provisoire des taux de taxation) sera particuliérement brûlant pour le viticulteur coopérateur girondin.
A plus long terme, le nouveau président du CIVB fixe comme objectifs à son mandat de relancer la réflexion sur la hiérarchisation des Bordeaux et Bordeaux supérieur, de profiter « de l'opportunité d'un marché équilibré pour travailler sur les contrats pluriannuels », et de réfléchir à de possibles mentions de mise en bouteille obligatoire dans la région de production et de mise à la propriété... Sans tirer de sonnette d'alarme, Bernard Farges concluait que « le CIVB ne résoudra pas tout, mais de mauvaises décisions peuvent être destructrices. Nous l'avons payé cher durant une dizaine d'années. »