aisant dialoguer le classique du Vin et du Haschich de Charles Baudelaire (« Profondes joies du vin, qui ne vous a connues ? Quiconque a eu un remords à apaiser, un souvenir à évoquer, une douleur à noyer, un château en Espagne à bâtir, tous enfin vous ont invoqué, dieu mystérieux caché dans les fibres de la vigne. Qu’ils sont grands les spectacles du vin, illuminés par le soleil intérieur ! ») et le contemporain l'Or de sa vapeur rouge de Giorgio (« J'souhaitais te perdre dans le silence, j'voulais qu'tes lèvres mordent ma bouche,
Mais je suis parti dans l'vin tu sais, dans l'or de sa vapeur rouge »), Merlin Salerno propose en accès libre son recueil de poésie, Ivresse, sur le site du caviste en ligne Vin-Satori, spécialisé dans les vins nature qu’il a cofondé en 2021.
En vers libres, ses poèmes sans titre ni ponctuation modernise la poésie du vin, entre filtres Instagram et lien introspectif aux terroirs : « L'homme qui baragouine le langage du pinard
traverse un paysage intérieur
de rivières et de plaines
de vibrations et de lumières
de contemplations et de liesses
dans lequel il plonge
abreuvé des secrets
de la création »
Pour le moins moderne, Merlin Salerno n’a pas peur de faire rimer naturalité avec vulgarité, voire bestialité dans ses poèmes. « Je suis au tant admiratif de la poésie d'un Baudelaire que d'un rappeur comme Jul. Et j'ai au tant d'émotion en buvant un château des Tours qu'un domaine Labet » répond-il à Vitisphere, ajoutant qu’« un poète et un rappeur, comme un vigneron dit "conventionnel" et dit "nature" ne sont pas, selon moi, opposés mais complémentaire ».


Assemblage qu’il incarne comme fils du vigneron Marc Silerno, du domaine Cadavre Exquis dans le Luberon, et de la poétesse Hélène Dassavray, qui écrit à propos du recueil Ivresse que « le vin et la poésie ont toujours fait bon ménage, comme des compères en tournée dans les bars, tous deux détenant les secrets de l’ivresse ». Et d’ajouter que « quand on parle d’alcool et de poésie au XXIe siècle, Bukowski traîne forcément dans les parages. Quelques images donnent l’impression qu’il est accoudé au comptoir, là, juste à côté. "Ce clochard que personne ne veut incarner"… »