usqu'ici, le Portugal semble avoir été protégé des pires effets du changement climatique cette année avec une production qui s’annonce en hausse de 8 % par rapport à celle de 2022. D’après l’Instituto da Vinha e do Vinho (IVV), la récolte pourrait atteindre 7,4 millions d’hectolitres, une progression soutenue par la quasi-totalité des régions de production. Si le Douro contribue le plus à cette augmentation en volume (+146 000 hl), c’est la région des Açores qui rafle la palme de la plus forte progression en pourcentage (+165 %). Malgré certains foyers d’oïdium et de mildiou, l’IVV annonce des raisins globalement en bon état sanitaire, laissant présager une récolte de bonne qualité.
Les producteurs italiens, de leur côté, ont été moins chanceux, et paieront « un lourd tribut aux effets du changement climatique », comme le note l’organisation agricole Coldiretti en ce début du mois d’août. Si l’an dernier la filière s’était estimée protégée des ravages dus au réchauffement de la planète grâce à ses quelque 635 variétés de vigne, cette année il n’en aura rien été. Globalement, la production est estimée actuellement à 43 millions d’hectolitres – contre 50 Mhl en 2022 – mais la baisse nationale de 14 % plonge à -50 %, voire -60 % dans certaines vignobles du centre-sud du pays, fortement attaqués par le mildiou.
Qualifiant 2023 de « l’une des pires années de l’histoire des vignobles italiens depuis un siècle, avec 1948, 2007 et 2017 », la Coldiretti explique que plus on remonte vers le nord, plus les rendements sont stables ou en légère augmentation par rapport à l’an dernier : « Si, en Romagne, les inondations ont porté un coup dur aux vignobles, en Émilie, malgré les orages de grêle, la production se maintient sur toute la crête qui va de Modène, Plaisance et Parme aux zones de l'Oltrepo Pavese et de l'Asti. Du Piémont à la Vénétie, en passant par la Lombardie ». Le Nord de l’Italie devrait donc assurer 65 % de la production nationale cette année. Les premiers coups de sécateurs ont été donnés début août en Sicile et, comme ailleurs, ces prévisions pourront se voir modifiées au fil des semaines en fonction de la météorologie.
L’orientation volumique en Espagne est également à la baisse cette année. D’après les premières prévisions annoncées par les coopératives espagnoles, la récolte nationale de vins et de moûts pourrait se chiffrer entre 36 et 36,5 millions d’hectolitres, soit une réduction de 4,5 à 5 Mhl par rapport à 2022 (41 Mhl). En cause : les températures extrêmes où le mercure a souvent dépassé les 40°C, ainsi que la sécheresse. Dans la principale région productrice, Castilla-La Mancha, les chiffrages actuels situent la production aux alentours de 20 Mhl, soit 12% de moins qu’en 2022 (22,8 Mhl). Il s’avère que le cépage blanc airén a plutôt bien résisté aux extrêmes de température et certaines provinces comme Ciudad Real ont pu lutter efficacement contre la sécheresse grâce un réseau d’irrigation bien développé. Globalement, des précipitations généralisées au début du mois de juin auront permis de soulager la vigne, et la récolte.
Le niveau de production est bien accueilli par les coopératives de Castilla-La Mancha, qui représentent plus de 75 % de la production et de la transformation de raisins dans la région. Elles estiment, en effet, que « le maintien de productions modérées, inférieures à la moyenne des cinq dernières années, tant en Espagne qu'en Castille-La Manche, atténue en partie le déséquilibre entre l'offre disponible et la demande, en particulier pour les vins rouges ».