elon les termes de l’accord, signé le 19 juillet à Shanghai, Torres China va investir dans Summergate alors que celui-ci va racheter Torres China. Il s’agit d’une alliance stratégique qui vise à « renforcer le positionnement stratégique de leurs marques sur le marché chinois ». Pour rappel, Torres China, fondé en 1999 à l’aube de l’ouverture de la Chine aux produits occidentaux, représente plus de 400 références de vins issus de 13 pays, dont des fleurons du secteur comme les champagnes Taittinger, les vins de Bourgogne Joseph Drouhin, les vins d'Espagne Vega Sicilia, les vins du Rhône M. Chapoutier et bien sûr, toutes les marques de la famille Torres.
Interrogé par Vitisphere, Miguel Torres Maczassek, directeur général de Familia Torres, a affirmé que « ce partenariat profite à toutes les marques que nous avons représentées sous l’ombrelle de Torres China. De fait, au sein de ces marques, il y a un grand consensus sur les opportunités que cela apporte, en développant les points de vente et en étant les leaders du marché au sein des hôtels, restaurants et le circuit des ventes à emporter et, désormais, de plus en plus dans le segment numérique ».
De son côté, Summergate, également fondé en 1999, commercialise plus de 80 marques reconnues sur le plan international à travers un réseau de dix bureaux de représentation en Chine continentale, à Hong Kong et à Macau. La société d’importation, rachetée en avril dernier par le groupe Wajiu auprès de l’australien Woolworths, dispose d’une solide implantation en Chine, desservant une clientèle professionnelle très diversifiée – hôtels, restaurants, grossistes, détaillants en ligne – de même que les consommateurs directement à travers ses magasins/bars à vins sous l’enseigne Pudao à Shanghai. Son nouveau propriétaire scelle ainsi sa volonté d’impulser « un marché chinois plus performant et plus mûr où internet et les technologies de l’information se mettent au service des interactions entre les grandes marques et un grand secteur », selon les dires du PDG du groupe Alex Li.
Pour Miguel Torres Maczassek, après vingt ans de présence en Chine, « nous avions besoin d’évoluer en tant que distributeur, surtout au niveau de la digitalisation, de manière à proposer un meilleur service à nos clients et à renforcer la position des marques que nous représentons sur le marché ». Plus largement, cette alliance marque une nouvelle étape dans la distribution de vins en Chine. Après une première vague dominée par les capitaux étrangers – ASC, Summergate, Torres China, Montrose etc – porteuses de garanties sur la provenance des produits et d’une image de marque occidentale recherchée par la clientèle chinoise, une nouvelle phase s’amorce progressivement. Hormis le développement important du commerce électronique en Chine, l’intervention de l’Etat chinois – y compris avec l’imposition de taxes punitives sur les exportations australiennes – a modifié la dynamique du marché.
Depuis plusieurs années, le sur-stockage des vins suivi de la pandémie, pour ne citer qu’eux, ont entraîné une baisse des importations qui se poursuit cette année. D’après les données de l’Institut de recherche sur l’industrie commerciale de Chine, les importations sont passées de 729,68 millions de litres en 2018 à 336,75 millions en 2022. Et au cours des cinq premiers mois de cette année, elles ont totalisé 101,53 millions de litres, soit une baisse de 31,2% d’une année sur l’autre pour une valeur qui régresse de 22% (418 M€). De quoi inciter à des alliances pour pouvoir répondre aux défis du marché chinois de demain, un marché qui, selon le groupe Wajiu, sera caractérisé par la démystification et la popularisation du vin.