’ar ta gueule de bois pour les vignobles luttant cet été contre le mildiou. Alors qu’une importante quantité de récolte s’est envolée en fumée malgré la lutte viticole (cette année, merlot va rimer avec zéro), on entend déjà dire que la qualité serait compromise (ou du moins en dessous de la moyenne). C’est un écho que l’on entend notamment à Bordeaux, avec en petite musique l’idée que les millésimes en 3 sont peu qualitatifs (à l’exception de 2003 dans l’histoire récente) et que la chute sera d’autant plus grande après l’exceptionnel millésime 2022 (miraculé d’une saison extrême). Mais ce serait aller un peu vite en besogne de ternir la réputation d’un millésime en cours de véraison, d’autant plus que les amplitudes thermiques entre les journées et les nuits sont prometteuses et que le mildiou va réduire le rendement permettant de gagner en concentration. Surtout, le mildiou n’est pas l’oïdium ou le botrytis : les grappes touchées ne prennent pas de goût. Le tri sera évidemment la clé pour nettoyer les grappes, avec une sélection réalisée aussi bien lors des vendanges manuelles (au vignoble et à la table de réception) qu’avec la machine à vendanger (ne prenant souvent pas les grappes touchées par le mildiou, mais pouvant être trié après).
Les vignobles touchés par Plasmopora viticole ne méritent pas la double peine de la chute de production et de réputation. La vraie malédiction de ce millésime 2023 sera sa rentabilité : le coût économique pèse déjà lourd avec la protection de tous les instants, indispensable pour convaincre le mildiou sans le vaincre. Dans les vignobles en difficulté, ce sera la goutte d’eau qui va faire déborder un vase déjà bien rempli. Cette mise sous pression risque de précipiter dans l’abîme des entreprises déjà abimées et fragilisées. 2023 n’est pas millésime à descendre, mais à défendre : contre le mildiou et les mauvais coucheurs.