euxième instance, deuxième round. Condamnée ce 2 juin à 29 000 € de dommage et intérêts par le tribunal judiciaire de Bourges pour diffamation, la vigneronne Isabelle Perraud fait appel pour réhabiliter ses publications sur le compte Instagram de l’association "Paye ton pinard", qu’elle préside et qui faisaient écho à des accusations de violences sexuelles au Danemark visant le vigneron Sébastien Riffault. Ne souhaitant pas commenter le jugement de première instance, Isabelle Perraud est désormais défendue par maître Valentine Rébérioux, qui garde ses arguments pour la cour d’appel, mais indique que « la motivation juridique ne tient pas » dans la condamnation prononcée, qui est suspendue comme il n’y avait pas d’exécution provisoire.
Restant l’avocat de Sébastien Riffault, maître Eugène Bangoura indique ne pas être étonné par cet appel : « d’évidence madame Perraud n’existe pas en dehors des réseaux sociaux. Elle est tellement convaincue de sa vision de la réalité que la justice a beau dire que les propos sont diffamatoires et que l’on ne peut pas accuser une personne sans preuve, elle ne peut pas l’admettre : il y a la vérité des réseaux sociaux et celle du monde réel. Plutôt que de tirer les conséquences, elle alimente sa posture. »


Pour Isabelle Perraud, son appel doit permettre de soutenir les victimes de violences sexistes et sexuelles. « Quand j’ai publié [sur Instragram] ma condamnation, j’ai eu le retour d’une femme me disant qu’elle voulait porter plainte et qu’en voyant cette décision elle s’est dit "à quoi bon" » rapporte Isabelle Perraud, estimant que « me faire taire, c’est toute nous faire taire. A quoi bon libérer la parole si l’on ne nous écoute pas ? Valérie Murat est illustration d’un procès bâillon » (la militante antiphyto s’étant retirée de toute communication ces derniers mois).
Ayant mené une levée de fond réussi pour financer la défense d’Isabelle Perraud et la venue de témoins en première instance, l’association Paie ton Pinard prévoit une deuxième cagnotte. Qui doit permettre de soutenir d’autres actions en justice. « Se défendre coûte très cher aux femmes ! Il ne faut pas que ce soit un frein » milite Isabelle Perraud, qui rapporte que trois plaintes de femmes viennent d’être déposées à l’encontre d’hommes de la filière vin. Il n’y aura pas plus de détail, « ces femmes prennent des risques personnels et professionnels : il faut du courage pour aller porter plainte. La volonté de ces femmes est qu’il faut que ça s’arrête pour qu’il n’y ait pas d’autres victimes. Il faut de la volonté et de la pugnacité. »