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Une vigneronne féministe condamnée pour diffamation, malgré "un but d’intérêt général"
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Dommage et intérêts
Une vigneronne féministe condamnée pour diffamation, malgré "un but d’intérêt général"

Les trois publications d’Isabelle Perraud sur le compte Instagram Paie Ton Pinard au sujet du vigneron Sébastien Riffault sont "constitutives d’une diffamation" pour le tribunal judiciaire de Bourges. La première se dit "dépitée" et ne se prononce pas sur un appel, le second satisfait et envisage d'autres suites.
Par Julie Reux Le 03 juin 2023
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Une vigneronne féministe condamnée pour diffamation, malgré
Le tribunal souligne « le caractère péremptoire des propos », une « imprudence fautive » - crédit photo : Julie Reux
V

igneronne féministe du Beaujolais contre vigneron réputé de Sancerre. Rendant son jugement ce vendredi 2 juin, le tribunal judiciaire de Bourges pose que « les publications au sujet de Sébastien Riffault mises en ligne par Isabelle Perraud sur son compte instagram @paye-tonpinard les 16 mai, 14 et 15 juin 2022 sont constitutives d’une diffamation », en ayant relayé, sans suffisamment de pincettes et de conditionnel, des accusations de violences sexuelles à l’encontre de Sébastien Riffault, mis en cause depuis janvier 2022 au Danemark. C'est l’été 2022 que le vigneron sancerrois Sébastien Riffault a porté plainte contre la vigneronne du Beaujolais Isabelle Perraud, présidente de l’association Paie Ton Pinard et animatrice du compte Instagram du même nom.

Après une audience chargée en tensions ce 6 avril, Isabelle Perraud est condamnée à verser 29 000 € de dommage et intérêts (1 500 € pour le préjudice moral, 24 421€ pour le préjudice économique* et 3 000€ pour les frais d’huissier engagés). Dans le détail, le tribunal a notamment considéré que « le caractère péremptoire des propos utilisés, sans la mesure attendue au regard de la sensibilité du sujet, mais surtout, sans prendre la précaution élémentaire de rappeler le principe cardinal de présomption d’innocence du droit français, malgré leur gravité certaine, puisqu’ils consistent à désigner, sans autre forme de procès, Monsieur Riffault, comme un agresseur sexuel récidiviste, apparaît constitutif d’une imprudence fautive caractérisée aggravée par le média choisi qui en facilite la diffusion. » Pour le tribunal, il s’agit donc bien de diffamation.

But d’intérêt général

Le jugement établit toutefois que la vigneronne s’est appuyée sur des informations « parfois fragiles » mais « concordantes ». Il établit aussi qu’elle « n’a pas fait preuve d’animosité personnelle et qu’elle a bien agi dans un but d’intérêt général en ce sens que le thème de son message intéresse, depuis plusieurs années et l’émergence du mouvement “ me too “ ayant pour objectif de libérer la parole des femmes victimes de faits de nature sexuelle, particulièrement le public. »

Prochain round ?

Sans surprise, l’avocat de Sébastien Riffault, maître Eugène Bangoura, a rapporté que son client était « très satisfait » de ce jugement. « Mme Perraud se jugeait dans son bon droit pour accuser mon client d’agression sexuelle, la Justice lui a répondu qu’elle le diffamait. C’est dramatique pour la cause qu’elle défend. Elle a mené une croisade tyrannique qui la dessert et qui dessert tout le monde. » Interrogé sur d’éventuelles nouvelles procédures menées par Sébastien Riffault, à l’encontre d’autres publications, l’avocat « n’exclue rien. On réfléchit à une suite. » À ce jour et à notre connaissance, aucune plainte n’a été déposée contre Sébastien Riffault, ni au Danemark, ni en France.

De son côté, Isabelle Perraud s’est montrée « dépitée » par le jugement, selon son avocat maître Thibault de Saulce-Latour. « Même s’il est clairement reconnu qu’il n’y avait aucune animosité personnelle et qu’elle a œuvré dans l’intérêt général », souligne l’avocat, « le Tribunal a botté en touche en rejetant la preuve du fait diffamatoire » (la démonstration que les accusations portées seraient vraies), car les éléments relèvent de la vie privée et ne sont donc pas recevables. Thibault de Saulce-Latour se dit aussi « surpris » par le montant « excessif » des dommages et intérêts. Isabelle Perraud à un mois pour décider de faire appel.

 

 

* : Concernant le calcul des dommages et intérêts, Sébastien Riffault faisant état d’une perte de son chiffre d’affaires, le tribunal a considéré qu’Isabelle Perraud « ne [pouvait] pas être tenue seule responsable de cette infortune ». Le tribunal a évalué la responsabilité de la vigneronne à 20 % de la perte.

 

 

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Tous les commentaires (6)
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Dominique Le 04 juin 2023 à 19:09:27
Il est quand même bien normal pour un journal d'aborder ce sujet au lieu d'observer le silence confortable qui sert de conduite au milieu. Ok pour ne pas faire des jugements/lynchage sur Internet. Mais comment fait-on pour faire émerger des faits que tout le monde préfère ne pas aborder pour ne pas se brûler ? Ceci dit, le procès en diffamation me semble une procédure indigne. Tant qu'un mis en cause n'est pas définitivement condamné ( après première instance, appel, cassation, Cour Européenne ), on ne peut rien dénoncer. Donc même si l'accusation est confirmée par la suite, la diffamation restera constituée parce qu'elle n'aura pas été établie au moment de la dénonciation des faits. C'est très pervers à mon sens. Il faut impérativement qu'une ou des victimes présumées déposent plainte pour avoir un procès au fond. Ceci dit, une telle procédure est une épreuve douloureuse.
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Saint Vincent Le 04 juin 2023 à 18:10:52
Mr gay, renseignez vous un minimum sur la cause défendue par le compte Instagram Paye ton pinard. Sûr que ce n'est pas une cause qui intéresse un Jean Jacques mais faites cet effort. La justice est tributaire des plaintes déposées c'est certain, mais les femmes dans les milieux très masculins, ou dans des milieux où on habitue dès l'adolescence les futurs professionnels à supporter des comportements inappropriés, n'osent pas porter plainte, sans doute que leurs plaintes sont trop bien traitées dans les commissariats. Ici qui plus est, à cheval sur deux pays, France et Danemark, et c'est aussi là que le bas blesse. Quel mauvais goût que ces vins macho... Beurk Mais c'est chouette le plaignant a gagné 29 000?!
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Gay Jean-Jacques Le 03 juin 2023 à 15:02:27
Je suis très satisfait de ce jugement ,j?espère grandement que la personne aura compris la leçon .Ce qu?aucun écrit aujourd?hui, c?est que certaines personnes s?affichent derrière des comportement défendable pour vendre leurs produits, on voit bien encore dans cet article (et dans d?autres articles) ?? une vigneronne ?? qu?est ce que vient faire sa profession dans son soit disant combat ,le but pour cette personne c?est simplement de vendre du vin, elle fait la même chose en colportant des injures vis-à-vis des viticulteurs conventionnels afin de vendre son produit .Et je redis bon courage à Monsieur Riffault pour remonter la pente.
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Antonio Le 03 juin 2023 à 10:26:22
Décision logique, le droit doit juger les faits et rien que les faits. Le tribunal médiatique vient de se prendre un taquet bien mérité. Et la victime de dénoncer une justice "sexiste". Dur de reconnaitre que l'on s'est trompé. L'enfer c'est les autres...
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La rédaction Le 03 juin 2023 à 09:20:01
Bonjour M. LALAU, La ligne éditoriale de Vitisphere est de traiter de toutes les actualités de la filière vin pour que ses opérateurs bénéficient du meilleur niveau d'information pour réfléchir et orienter leurs propres stratégies. Le suivi de dossiers judiciaires rentre dans ce cadre de cette quête de transparence, dans le respect évident du contradictoire et pour éviter la propagation de certaines rumeurs par "radio piquet de vigne". Bonne journée
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Hervé Lalau Le 03 juin 2023 à 08:48:50
Je ne peux pas adhérer à l'idée d'une justice via instagram, avec tous les excès que cela peut engendrer. Sauf que la justice officielle est parfois tellement lente que l'on peut se demander comment éviter que des faits se reproduisent avant que la chose soit jugée. A ce propos, pourquoi n'il y a t-il aucune plainte contre M. Riffault? Autre question - ce genre de problématique rentre-t-il dans la sphère de compétence de Vitisphère?
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