Amaury Devillard : Oui, car elle a été délimitée par jugement, à l’issue d’un procès en 1923, et non par décret comme la plupart des autres appellations à partir de 1936. En Bourgogne, seules Pouilly-Fuissé et Pouilly-Loché peuvent en dire de même.
Pour fêter cela, vous avez organisé, ce samedi 8 juillet, un événement grand public particulièrement original...
Nous avions prévu des dégustations, des balades dans les vignes avec les producteurs, mais surtout des démonstrations de vingt métiers d’hier et de demain liés à la viticulture. Il y avait d’un côté le travail d’un maréchal-ferrant, d’un forgeron ou du labour à cheval ; et de l’autre des traitements par drone, un robot enjambeur, ou encore un foudre connecté. Je crois que c’est du jamais vu de la part d’une appellation !
Quels sont les retours ?
Ils sont extrêmement positifs. On a eu beaucoup de commentaires élogieux sur place, puis sur les réseaux sociaux. Concernant les métiers anciens, les plus jeunes ont été particulièrement intéressés. Et les démonstrations de métiers de « demain » ont aussi impressionné : beaucoup de gens, même de nos deux villages viticoles, n’avaient jamais vu ça. On dit souvent que monde viticole est à part, il l’était un peu moins ce jour-là. L’ambiance était multigénérationnelle, a engendré des conversations entre grand-parents, enfants et petits-enfants… .C’est motivant dans notre travail du quotidien. Et cela donne envie de se projeter, de le refaire dans 100 ans !
Il s’agit quand même d’un investissement important pour un ODG ?
Oui mais essentiel, car il a resserré des liens – déjà étroits - avec les consommateurs, et entre les vignerons eux-mêmes. Nous avons pu jauger la popularité de Mercurey, et l’entretenir. Ce genre d’événement donne aussi une image plus juste de notre métier. C’était une croisée des chemins à pas rater.
Était-ce l’occasion de s’attaquer à quelques clichés sur la viticulture ?Oui, C’est important expliquer ce qu’on fait, que le vigneron n’est pas un pollueur, mais quelqu’un qui travaille la terre et prend soin de sa récolte. Des journées comme ça contribuent largement à faire passer des messages, car ce n’est pas seulement un discours, mais quelque-chose de tangible, on y montre la réalité.
Êtes vous satisfait par la fréquentation ?
C’est le seul bémol. Nous avons reçu un peu moins de 3 000 personnes, nous espérions bien plus. C’était un week-end de canicule, avec 40° sous les tentes, et cet aspect nous a largement desservis.
100 ans histoire, est-ce une pression ou un atout ?
Une pression non : Mercurey ne s’est jamais reposée sur ses lauriers, elle a toujours su se renouveler.
C’est à dire ?
Quelques exemples parmi d’autres : nous avons été pionniers en 1985 en mettant en place une gestion eaux fluviales à l’échelle de l’appellation, comprenant un remembrement des parcelles. En 2011, nous inaugurions le Caveau Divin, un caveau des vignerons équipé d’un système Enomatic. Plus globalement, notre rapport à la viticulture s’est métamorphosé ces dernières années. J’ai vu les rendements se restreindre, les vendange manuelles se généraliser, les tables de tri également… Mercurey, c’était surtout des vins consommés en France, maintenant on en trouve partout dans le monde. Certes l’évolution des prix de la Côte d’Or nous a aidé, mais c’est surtout la qualité qui nous a catapulté vers le haut depuis plusieurs décennies. On a fait beaucoup de chemin, on en a encore beaucoup à faire, et chaque génération doit apporter son lot d’évolution. C’était aussi ça, le sens de cet événement.
L’ODG Mercurey poursuit la célébration du centenaire de son appellation avec un nouvel événement, à destination des professionnels du vin cette fois. Rendez-vous le 2 décembre 2023 pour une conférence, un dîner de gala et des dégustations verticales et horizontales.




