a famille Chaucesse est une des plus anciennes lignées de vignerons de la côte roannaise et elle en est fière. Jean-Claude Chaucesse représente la treizième génération à la tête du domaine de la Paroisse, situé sur le lieu-dit du même nom sur les hauteurs de Renaison, dans la Loire.
« Les premières mentions qu'on trouve d'un membre de la famille sont celles d'un certain Jean Chaucesse, né en 1580, puis d'un Laurent Chaucesse, né en 1610. Tous deux sont nés, ici même, et sont notés comme ?cultivateurs vignerons? sur leurs actes de mariage qu'un de mes cousins féru de généalogie a retrouvés, souligne Jean-Claude Chaucesse. Ensuite, on n'a très peu d'informations, hormis une quittance datant de 1787. » Elle atteste qu'un « Jean Chaucesse a reconstruit et réparé l'écurie, la grange et la cave de sa maison de la Paroisse ». Une cave qui est devenue le caveau de vente du domaine.
« L'histoire plus récente s'est transmise oralement », continue le vigneron. Comme celle du précieux héritage familial qu'il a « la chance » de cultiver encore : 9 000 m2 de vignes greffées âgées de 145 ans. « Mon arrière-arrière-grand-père, Antoine Chaucesse, les a plantées en 1878, raconte-t-il. Comme il vendait son vin sur Paris, il côtoyait les négociants du Midi. Il était donc parfaitement au courant des ravages du phylloxéra dans le Sud, alors qu'il n'avait pas encore atteint le Roannais. »
Antoine Chaucesse entend parler du greffage de vignes françaises sur des souches américaines. « Il s'est dit : ?je vais essayer?, poursuit Jean-Claude Chaucesse. Il a planté du riparia Gloire de Montpellier et un porte-greffe inconnu qu'il a greffés avec notre cépage, le gamay Saint-Romain. »
Vers 1900, le domaine atteint 12 ha de vignes. « C'était un gros vigneronnage avec cinq fermiers qui travaillaient les vignes », confie Jean-Claude. À l'époque, beaucoup de vins partaient de Roanne jusqu'aux quais de Bercy, à Paris, via le canal de Roanne, à Digoin. Les fûts étaient transportés en charrette à bœufs. « On a encore le quai de chargement, en pierres. On a tenu à le conserver », souligne avec fierté le vigneron.
Mais après la Première Guerre mondiale, la surface en vignes retombe à 3 ha, faute de main-d'œuvre et de débouchés. Il faut attendre les années 1960 et Claude Robert, le père de Jean-Claude, pour que la surface remonte à 7 ha.
Lui-même s'installe en 1994. Avec son épouse Laetitia, il entretient avec soin sa très vieille vigne, le joyau de la famille. « La densité initiale était de 12 000 pieds/ha, mais il y a beaucoup de manquants, précise-t-il. Je les taille en gobelets et désherbe la parcelle en plein car ce serait risqué pour ces vieux ceps de travailler le sol. Avec les vignes greffées sur riparia Gloire, on est obligé d'attacher les rameaux à un tuteur car ils retombent, alors que les autres vignes ont un port bien droit. »
Sans surprise, les rendements sont très faibles. « Je tourne à 20 hl/ha de moyenne. » Jean-Claude vinifie la récolte en vendanges entière, en macération semi-carbonique puis élève le vin en demi-muids, entre 8 et 12 mois. Il en a fait sa cuvée haut de gamme « 1878 », vendue 12,80 ?. Son seul regret est « de n'avoir pas su transmettre ma passion à mes deux fils, âgés de 20 et 16 ans, qui ont pris d'autres voies », avoue-t-il. Mais qui sait ? L'histoire n'est peut-être pas finie.