rageux, ce mois de juin laisse derrière lui des vignes lacérées et des viticulteurs groggy. S'il est difficile de chiffrer l'ampleur globale des dégâts, la détresse individuelle est certaine. Dans un sondage, les lecteurs de Vitisphere témoignent ainsi de chute de grêlons conséquents localement, mettant en péril végétation et exploitations. Le défi est double : gestion des vignes ravagées (alors que la pression cryptogamique est forte) et gestion des difficultés de trésorerie (alors que les crises commerciales se cumulent).
Après la grêle, « le feuillage est peu fourni, il y a de la coulure. La vigne est en souffrance du fait de la pression mildiou, avec des vignes abandonnées autour et le gel qui a aggravé la situation » témoigne un domaine de Bordeaux (30 % de ses surfaces grêlées le 2 juin, pour 30 % de perte de récolte en moyenne). Ailleurs dans le Sud-Ouest, une exploitation observe dans son vignoble « une cicatrisation partielle, le dessèchement et la tombée des raisins, avec une très forte pression oïdium en même temps et donc situation très difficile » indique le responsable technique (rapportant que 100 % de sa surface est touchée ces 20 et 21 juin, à 30 % de dégâts en moyenne).


Si l'éclair ne frappe jamais deux fois, la grêle peut cogner de nouveau : touchée le 23 mai, « la vigne commençait à repousser, puis le deuxième orage est passé le 22 juin, entrainant 15 % de la récolte restante avec lui » rapporte un vignoble du Languedoc (100 % de surfaces touchées, pour 80 % de dégâts), ajoutant que son exploitation est déjà « économiquement "à genou" : marché du vrac à l'arrêt, 60 % de la récolte 2022 en IGP en cuve, énorme "attaque" de mildiou (jamais vue en 20 ans), inflation des intrants, sans parler des certifications environnementales qui ne nous rapportent rien et nous compliquent fortement la vie (HVE sur le domaine). »
Pour cette enquête menée fin juin, la majorité des sondés ne sont pas assurés, arguant d'un coût trop élevé. Et ceux qui ont souscrit un contrat ne sont plus sereins, avec de la « trésorerie en moins malgré le fait d'être assuré » rapporte un domaine dans le Gers (100 % de surfaces grêlées avec 80 % de dégâts les 31 mais et 20 juin), se projetant sur un « manque de vendange, ce qui entraînera sans doute un frein dans la progression commerciale d'un domaine en plein développement. Se plaignant d'un manque de vin et difficultés de trésorerie, un domaine de Champagne attend désormais que « la vigne évacue son stress et redémarre ». De préférence, sans nouvel orage.