ne vigne en hiver… En plein été. C’est le spectacle désolant offert actuellement par les vignobles Beurdin et Fils sur la commune de Preuilly (Cher), dévastés par un orage de grêle et une tornade ce lundi 19 juin. « De toute façon, il faut passer au-dessus » pose Jean-Louis Beurdin. Exemple de résilience vigneronne, il vient de nettoyer sa cave (avec 10 à 30 cm d’eau après la tempête) et attend que la vigne repousse, alors que toutes les grappes et feuilles sont tombées sur ses 20 hectares de vignes en AOC Reuilly touchées à 100 % (il n’y aura pas de raisins, mais des rameaux pour tailler et préparer l’an prochain).
Face aux aléas climatiques, « on se protège au maximum » rapporte pourtant Jean-Louis Beurdin, ayant investi dans une tour antigel et accueillant un générateur d’iodure d’argent de l’Association départementale d'étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques (ADELFA). « On peut essayer de protéger un peu la vigne contre le gel et la grêle, mais on ne peut rien contre une tornade » résume-t-il. En visite sur le domaine ce mercredi 21 juin le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau pointe en conférence de presse que face à un phénomène tornadique comme celui affronté, il semble impossible de se protéger. Annonçant maintenir le soutien aux investissements pour la prévention des dégâts climatiques (pour écrêter les pertes liées au gel, à la grêle ou à la sécheresse), le ministre souligne l’avancée obtenue par le vignoble avec la nouvelle forme d’assurance climatique (aidée par des subventions et un fonds dédié aux coups durs).
Alors que les aléas climatiques s’annoncent toujours plus fréquents et violents à cause du changement climatique, dans le vignoble « on ne pourra pas ne plus prendre d’assurance, et il ne faudra plus prendre la couverture minimale » prédit Jean-Louis Beurdin, qui a souscrit depuis 10 ans un contrat MultiRisque Climatique (MRC). Si l’impact du nouveau modèle assurantiel est inconnu pour son cas, le vigneron du Centre-Loire a déjà une certitude : « l’assurance ne pourra pas tout prendre en charge ». D’autant plus que sa production de référence, la fameuse moyenne olympique, prend en compte des dégâts de grêle en 2020 et de gel en 2021 (respectivement -50 et -70 % de récolte). Ayant 80 % de ses vins commercialisés en direct au domaine à des particuliers, le vigneron voit déjà son stock se réduire à peau de chagrin : « on ne va pas tenir jusqu’à Noël » prévoit-il. Sachant que face aux aléas, « je ne suis pas le premier, je ne serai pas le dernier » conclut-il.
"Comme un ouragan"... La furie des éléments a emporté les feuilles et grappes, laissant des rameaux déplumés et désarticulés sur les ceps. Photo : © Préfecture du Cher - Sébastien JACQUES - juin 2023.
Soufflé par les éléments, le vignoble doit désormais repousser espère Jean-Louis Beurdin, alors que du soleil est annoncé pour les prochains jours. Photo : Domaine Beurdin et Fils.