A ce jour, nous ne savons pas d’où provient l’épidémie de flavescence qui frappe notre vignoble. Le premier cep qui a contaminé la première cicadelle était peut-être dans une parcelle de viticulteur, mais il peut s’agir aussi d’un cep acheté dans une jardinerie et planté chez un particulier ». Pour Vincent Delanoue, vice-président de l’ODG Bourgueil et responsable de la commission flavescence, il ne faut négliger aucune vigne dans la prospection. « Celle-ci doit être la plus large possible. Nous sensibilisons donc les particuliers et les mairies pour surveiller aussi les vignes des non-professionnels. Nous sommes en relation avec les municipalités pour recenser tous ces pieds de vignes, dans la zone délimitée à traitements obligatoires. Nous savons qu’il y en a. Nous mandaterons un paysagiste agréé Certiphyto pour appliquer l’insecticide chez les particuliers concernés et cette intervention sera à leur charge ».
L’ODG de Bourgueil se mobilise conjointement avec celui de Saint-Nicolas-de-Bourgueil, frappé également par la flavescence. « Nous avons contacté ensemble le paysagiste pour les traitements. Les agents municipaux de St Nicolas se sont formés sur la maladie et iront aussi prospecter chez les particuliers qui ont des vignes », indique Alexandra Genneteau, directrice de l’ODG. « Nous avons recensé ces vignes. La Draaf ne nous donne pas d’information sur le sujet », souligne Stéphanie Morin, présidente de l’ODG de Saint-Nicolas-de-Bourgueil.
Sur le vignoble de Saint-Nicolas, l’ODG prévoit de prospecter une centaine d’ha de plus que la zone délimitée par arrêté préfectoral, soit au total plus de 300 ha, un tiers du vignoble. « Nous avons aussi demandé que chaque vigneron soit en alerte et fasse de l’auto-surveillance », ajoute Stéphanie Morin.


Sur l’AOC Bourgueil, deux vignerons référents pour chacune des sept communes ont été nommés pour faciliter la transmission des informations et des signalements de ceps symptomatiques. Il avait été envisagé d’inscrire l’obligation de prospection et de formation dans le cahier des charges ou le règlement intérieur de l’ODG Bourgueil. « Mais sur le vignoble, des vignerons produisent aussi du Crémant de Loire, de l’IGP, relève Vincent Delanoue. Nous ne pouvons pas les contraindre. Nous préférons travailler en bonne intelligence et demander la mobilisation d’une personne par exploitation et par tranche de 10 ha. Les producteurs ont pris conscience du danger de la flavescence, ils sont mobilisés ».
A Saint-Nicolas, on ne juge pas non plus nécessaire d’imposer une obligation, constate Alexandra Genneteau. « Les exploitants et les salariés de tous les domaines de l’AOC ont pris part à la formation à la reconnaissance des symptômes ».
« Les vignerons en HVE3 qui seront contraints aux traitements obligatoires en raison de vignes en zone délimitée seront pénalisés dans leurs IFT », déplore Vincent Delanoue. « C’est une double peine pour eux alors qu’ils ont œuvré pour avoir de meilleures pratiques, plus respectueuses de l’environnement », souligne Stéphanie Morin. Avec la FAV 37-72 et la Confédération des Vignerons du Val de Loire (CVVL), les ODG de Saint-Nicolas-de-Bourgueil et de Bourgueil ont adressé une demande auprès du préfet coordinateur du bassin ligérien pour que ces traitements ne soient inclus dans l’IFT qu’au prorata des surfaces concernées au sein des exploitations, afin de diminuer l’impact de ces applications d’insecticides sur l’indice. Un vigneron de Bourgueil a aussi évoqué cette question devant le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau lors des rencontres nationales des Vignerons indépendants en Indre-et-Loire en mars.