usqu’à la fin 2021, les agents de FranceAgriMer chargés du contrôle du traitement à l’eau chaude (TEC) anti-flavescence dorée du matériel de multiplication végétative (plants de vigne, boutures de porte-greffe et greffons) toléraient que la température de bain réalisé par les pépiniéristes descende jusqu’à 48°C pour se stabiliser ensuite « au plus près possible » de 50°C.
Selon la profession, une baisse de la température au moment du trempage est techniquement inévitable. Pour la compenser il faudrait allonger le temps total de trempage. Mais, dans ces conditions, les pépiniéristes craignent des pertes importantes de matériel végétal et une augmentation des temps de chantier.
Problème, depuis sa désignation comme autorité administrative compétente pour la délivrance des passeports sanitaires pour les bois et plants de vigne, FranceAgriMer ne peut juridiquement plus déroger à la norme internationale publiée en 2012 par l’organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP), prévoyant une durée de trempage du matériel végétal de 45 minutes à 50°C avec une fluctuation limitée à 0,5 °C.


Techniquement impossible, d’après les pépiniéristes. Pour compenser la baisse de température, il faudrait selon eux allonger le temps total de trempage, ce qui augmenterait les temps de chantier et engendrerait surtout de grosses pertes de matériel végétal et de plus faibles taux de reprise lors de la plantation chez le vigneron.
Pour y voir plus clair en l’absence de références techniques suffisantes, l’Etat a chargé en mars 2022 le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) d’une mission destinée à proposer un plan de mise en œuvre progressive de la norme de l’OEPP.
De mars à mai, les missionnés ont visité la station de TEC du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), les pépinières Mercier, la station de l’Institut français de la vigne et du vin au Grau du Roi, la pépinière Bertrand à Maruéjols, et les pépinières Gabet et Vullien en Savoie.
Ils ont également échangé avec la Direction générale de l’alimentation (DGAL), FranceAgriMer, la Fédération française des pépiniéristes viticoles (FFPV), le Comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et indication géographique (CNIV), la Confédération paysanne, l’INRAE, l’IFV, l’OEPP, les deux principaux fabricants de stations, et dialogué avec l’Espagne, l’Italie, et le Portugal, ces trois Etats membres n’ayant pas remonté les mêmes difficultés à appliquer la norme.
Dans ses conclusions, le CGAAER suggère de pallier le manque de connaissances (performances des matériels, incertitudes de mesures…). En attendant, les missionnés recommandent de « maintenir, dans un cadre à mieux construire, la tolérance actuelle pour le contrôle de l’application de la norme, « avec une durée à 50 °C (+ ou – 0.5 °) au moins égale à 35 minutes ».