e métier de pépiniériste viticole ne suscite plus les vocations. D’année en année, le nombre de professionnels inscrits au contrôle des bois et plants se réduit. L'an dernier, il ne restait plus que 451 producteurs de plants contre 545 en 2016, « soit 17 % de moins en cinq ans », souligne FranceAgriMer. Et en vingt ans, les effectifs de cette profession ont été divisés par deux.
« C’est un métier passionnant, mais qui est technique, physique. Où l’on est soumis à une pression psychologique permanente. Nous avons de plus en plus de contraintes et, économiquement, c’est difficile. Je comprends que la jeune génération n’ait pas envie de reprendre », reconnaît Delphine Bougès, à la tête de la pépinière familiale à Camiran, en Gironde.
« Même des pépinières significatives disparaissent. Cette forte érosion est un vrai souci. Celles qui restent ne peuvent pas augmenter leurs greffages compte tenu des difficultés à recruter du personnel, du risque climatique... Si la pépinière française n’est plus en mesure de produire assez de plants, ceux-ci viendront d’ailleurs, mais avec une garantie sanitaire nettement moindre », prévient Pierre-Marie Guillaume, directeur des ventes des pépinières éponymes à Charcenne, en Haute-Saône.
Jean-François Barnier, président des pépinières du Comtat, tire lui aussi la sonnette d’alarme : « Début 2000, la filière produisait 300 millions de greffes. Désormais, on est à 220 millions, et on est au maximum. Nous ne sommes plus capables d’aller à 250 millions. »
Pour inverser le mouvement, David Amblevert, le président de la Fédération française de la pépinière viticole, appelle les pouvoirs publics à l'aide. « Une concentration naturelle s’opère. Les pépiniéristes qui restent adaptent leur outil de production. Mais pour avoir une pépinière forte, nous avons besoin du soutien des pouvoirs publics et des collectivités locales pour investir afin de réduire la pénibilité du travail, préserver l’environnement... » À bon entendeur.
Dernièrement, le groupe Velletaz s’est considérablement développé. En 2013, cette pépinière savoyarde, créée dans les années 1980, prend un tournant et rachète la pépinière Colomb, dans le Vaucluse. Alors qu’elle greffait entre 2 et 2,5 millions de plants, elle passe à 6 millions. Et surtout, elle se met à produire ses propres porte-greffes. Sa croissance ne s’arrête pas là. Deux ans plus tard, elle reprend Bagnols et fils et en 2020, Muller, deux autres pépinières du Vaucluse. Désormais, le groupe Velletaz greffe plus de 16 millions de plants dans ses deux sites de production, en Savoie et dans le Vaucluse, ce qui le place parmi les leaders français. Ce groupe dispose en outre de deux sites dédiés uniquement à la commercialisation : un à Cognac, à la suite de la reprise des pépinières Michonneau en 2019 et l'autre à Bordeaux après le rachat des pépinières Pueyo en 2021. « Nous avons des technico-commerciaux dans quasiment tous les bassins viticoles de France pour être au plus proche des viticulteurs et de leurs besoins », indique Sébastien Velletaz, cogérant du groupe.