orsque Matthieu Arroyo, directeur technique du Château d’Arche, à Sauternes, en conversion AB, songe à traiter contre le mildiou, son premier réflexe est d’interroger DeciTrait, l’outil d’aide à la décision développé par l’IFV. C’est le même rituel depuis trois ans. « Cette année, j’ai hésité à effectuer le premier traitement, autour du 24 avril, confie-t-il. L’OAD m’a indiqué un risque faible de mildiou donc j’ai retardé le premier passage au 4 mai. »
DeciTrait, évalue le risque de mildiou de 1 à 4, selon un modèle basé sur les données météo passées et celles prévues pour les jours à venir. Alexandre Davy, ingénieur œnologue à l’IFV, explique : « La principale source de ces données est Météo-France mais depuis un an, il est possible d’importer les relevés des stations connectées de plusieurs marques (Weenat, Sencrop, Agriscope, Meteus) afin d’affiner l’évaluation des risques de façon plus locale. »
Pour Matthieu Arroyo, cela change tout. « Nous possédons 90 hectares répartis sur sept communes. Nous avons donc installé sept stations – cinq Weenat et deux Meteus – et chacune d’entre elles est connectée à DeciTrait. Cela nous permet de connaître le risque de mildiou pour chaque secteur, en fonction de la pluviométrie réelle. Il y a quelques jours, Météo-France annonçait 12 mm de pluie sur un secteur, alors qu’il n’était en réalité tombé que 3 mm. Donc sans nous déplacer, nous pouvons savoir s’il faut ou non renouveler le traitement en urgence. Cela nous aide beaucoup dans nos prises de décision. »
Outre le fait que la version de DeciTrait intégrée dans l’appli Weenat s’appuie sur la pluviométrie mesurée sur ses parcelles, elle est aussi plus ergonomique que celle disponible sur ordinateur. « Un éclair rouge apparaît sur le calendrier lorsqu’il y a eu une pluie nécessitant une protection contre le mildiou, et une fois un traitement terminé, un petit carré correspondant à la date de la protection passe du blanc au vert », rapporte Matthieu Arroyo. L’outil peut également être utilisé pour programmer des alertes afin d’être averti du moment où il faut renouveler un traitement.


Au domaine de la Borderie, à Bar-sur-Seine, Rodolphe Vieitez possède deux stations Sencrop qu’il a connectées à DeciTrait. « Je consulte les données météo tous les jours, et j’ai pris l’habitude de regarder en même temps l’évolution du risque de mildiou, détaille-t-il. C’est pratique. Cela permet d’adapter la lutte en fonction de la sensibilité de la parcelle et de la pousse de la vigne. Si la pression est faible, on allonge les cadences, si elle est forte, on les resserre. »
François Relhié est chef de culture à la Ferme Départementale d’Anglars-Juillac, dans le Lot, et lui aussi apprécie l’intégration de DeciTrait dans l’application mobile de Weenat. « Je n’ai plus besoin de passer au bureau pour consulter l’OAD, confie-t-il. En un coup d’œil, j’ai accès à la météo et au risque de mildiou. Directement depuis le tracteur. »
Reste qu’à ce jour, DeciTrait ne prend en compte pour évaluer le risque de mildiou ni le vent, ni l’humectation du feuillage, alors que les stations connectées collectent ces données importantes pour l’évolution du parasite. François Relhié le regrette. « En fin de saison, DeciTrait a tendance à sous-estimer le risque de mildiou. Les rosées matinales ou les brouillards tenaces favorisent le développement de la maladie. Or l’OAD n’en tient pas compte. Il peut indiquer une pression faible de mildiou alors que des taches sont présentes sur les feuilles et qu’il y a un fort taux d’humidité, de quoi entraîner des repiquages. »
Des améliorations sont en cours. Selon Alexandre Davy, l’IFV va intégrer l’humectation foliaire fournie par les stations connectées dans le calcul de la pression du mildiou.
DeciTrait est un outil d’aide à la décision complet. Il indique le risque épidémique, la dose de produit à appliquer à un instant donné et la durée de protection d’un traitement en fonction des données météo passées et prévisionnelles, du type de produit appliqué, du stade de pousse de la vigne, de sa vigueur et de son état sanitaire. À ce jour, selon l’IFV, seuls 500 utilisateurs consultent régulièrement cet OAD, que ce soit directement sur le site de l’Institut ou via un partenaire. L’IFV entend augmenter le nombre d’utilisateurs de DeciTrait en en facilitant l’accès grâce aux applications des stations météo connectées. L’accès à OAD sur le site de l’IFV coûte 250 €/an pour ceux qui possèdent déjà une station météo et, dans le cas contraire, 350 €/an pour avoir les données de Météo France. Weenat facture 250 €/an. Et chez Sencrop, DeciTrait fait partie d’un module « Protection de la vigne », qui inclut également un outil d’alerte au risque de gel et coûte 300 €/an. Selon Pierre Giquel, responsable produit chez Weenat, une centaine de clients ont déjà choisi d’utiliser DeciTrait depuis l’application Weenat.