i une compétition ne doit distinguer que les candidats les plus méritants, tout dépend de la largesse des notes ou de la sélectivité imposée pour qu’une épreuve soit plus ou moins laxiste ou élitiste. Alors qu’il ne peut y avoir plus d'un tiers de médailles dans les concours français en particulier, et ceux suivant en général les normes de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), de nombreux macarons sont distribués avec une plus grande générosité dans d'autres pays. Annonçant tout juste ses médailles, la vingtième édition des Decanter World Wine Awards (DWWA) a évalué 18 250 vins* en bouteilles et cubis cette année (un nouveau record après les 18 244 de 2022).
Alignant cinq niveaux de récompenses, le concours de la revue britannique est particulièrement généreux : 50 vins qualifiés de "meilleurs de la compétition" ("Best in show", notés entre 97 et 100/100), 125 médaillés de platine (97 à 100/100), 705 d’or (95 et 96/100), 5 604 d’argent (90 à 94/100) et 8 165 de bronze (86 à 89/100). Soit 14 649 distinctions, ce qui porte à 80,4 % le taux de réussite de ces DWWA. Avec 3 601 vins repartis bredouilles, on a l’équivalent du nombre de médailles donnés à la France : 3 185 (soit 20 % des prix).
Revendiquant le titre de « plus prestigieux concours des vins au monde », la compétition pourrait briguer celui d’examen particulièrement généreux. Il faut dire que son business model est tiré par l’attribution de médailles (comme pour tous les concours). Si présenter un vin coûte 200 € (+20 € de frais de dossier par opérateur et 69 € par envoi d’échantillon), le rouleau de 1 000 médailles coûte dans tous les cas 64 € (avec une remise de 6 € au bout de 5 rouleaux). Une prime au macaron qui peut soutenir une approche généreuse dans l’impression de ces labels dorés.


Dans les concours anglo-saxons, « l’exploit est plus de ne pas avoir une médaille que d’en avoir » résume, pince-sans-rire, le docteur Fabrizio Bucella sur Tik Tok. Réagissant à la médaille d’or décernée par le concours Gilbert & Gaillard à un vin présenté pour sa médiocrité, le professeur en probabilité note que « les concours ne peuvent dire que ce qu’ils peuvent dire », car « les concours de vin ne peuvent médailler que les vins présentés. On appelle ça un biais de sélection. » La médaille est obtenue de manière relative, mais elle est perçue de manière absolue par le consommateur. Tous les vainqueurs ont tenté leur chance clament les jeux de hasard. Idem pour les concours de vins où il y a quatre fois plus de chance d’être médaillé que d’être recalé.
* : Les DWWA ont le mérite de jouer carte sur table en annonçant le nombre total de candidats. L’International Wine Challenge ne souhaite ainsi pas communiquer sur ces chiffres globaux, indiquant seulement avoir médaillé 6 000 vins, sans permettre de connaître le taux de réussite.