ubitement, des trombes d’eau et de grêlons se sont abattues ce 2 juin sur des communes viticoles de l’Entre-deux-Mers (Gironde). « Vers 18h30, un orage de grêle a touché fortement Grézillac, Guillac et Moulon notamment. À première vue les dégâts semblent importants » esquisse David Labat, le président du syndicat viticole de l'AOC Entre-Deux-Mers. À la tête des vignobles André Lurton (dont le siège historique, le château Bonnet, est basé à Grézillac), Jacques Lurton compte parmi les vignerons très touché par cette tempête, il fait état d’un « orage très gros et soudain. Il n’était pas prévu et il n’y a pas eu d’alerte. Il est arrivé par Moulon, pour se fixe sur Grézillac qui a été l’épicentre. 50 millimètres de pluie sont tombés en 10 minutes. Une tornade s’est formée, comme en 2009. L’orage a continué vers Guillac avant de mourir sur le plateau du château Bonnet. »
Faisant état de vignes très abîmées à Grézillac, Jacques Lurton y estime à chaud les pertes de récolte entre 50 et 60 %. Plus loin de l’épicentre, les dégâts oscilleraient entre 20 et 50 % de perte de rendement. Le tout sur 200 hectares de vignes touchées à première vue. « Mais nous ne sommes pas dans la situation de 2013 où l’on ne voyait plus de feuilles sur les rameaux. Il y a eu de l’eau avec des grêlons de la taille de graviers » ajoute Jacques Lurton, rapportant un millésime jusqu’ici prometteur : avec de belles sorties de grappes pour ces vignes en fin de floraison et début de nouaison.
Inattendu, ce nouvel épisode de grêle localisé était-il prévisible ? « Nous n'étions pas en alerte car on était à 20 % de risque seulement, alors qu'on déclenche à 30 %. C'est comme ça depuis une dizaine de jours et jusqu'à la fin de semaine prochaine » détaille Jérôme Laduye, technicien de l’Association Départementale d'Étude et de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques de la Gironde (ADELFA 33), expliquant se baser sur les seuils de risque de Keraunos (que Météo France ne fournit pas). « Nous sommes dans une période de l’année où les prévisions météo sont délicates en matière d’orages porteurs de grêle » confirme Dominique Fédieu, le président de l’ADELFA 33 et de l’Association Nationale d’Etude et de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques (ANELFA), notant qu’en Gironde « il y a de cela quelques années nous déclenchions les alertes à partir de 40 % de risques, on est descendu à 30 %… Faut-il aller plus loin ? C’est un débat récurrent ces dernières années. En abaissant le seuil de risques on accroît le nombre d’alertes, financièrement il faut pouvoir le supporter et il convient ensuite que les bénévoles ne se lassent pas d’un nombre d’alertes plus important. »
Les grêlons étaient de la taille de graviers, avec de l'eau pour limiter la casse pointe Jacques Lurton.
S'il y a de la casse au vignoble, les bâtiments et outils semblent épargnés.