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Métirame, DMM, glyphosate... ces matières actives que les vignerons ne veulent pas perdre
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Protection du vignoble
Métirame, DMM, glyphosate... ces matières actives que les vignerons ne veulent pas perdre

Métirame, DMM, folpel, glyphosate, IBS…Plusieurs matières actives sont indispensables à de nombreux vignerons. Ils expliquent pourquoi sans cacher leur inquiétude face à la baisse continue des matières actives conventionnelles autorisées sur le marché.
Par Ingrid Proust Le 30 mai 2023
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 Métirame, DMM, glyphosate... ces matières actives que les vignerons ne veulent pas perdre
Pierre Calmel, président de la cave des Vignerons de Sérignan (Hérault), des IGP Coteaux de Béziers et vice-président des IGP de l’Hérault tient à garder le métirame, car pour l'instant il n'est pas classé CMR et n'est pas sujet à des risques de résistance - crédit photo : DR
«

 Ce serait vraiment difficile pour moi de me passer de métirame : c’est un produit classé non-CMR pour l’instant, qui n’est sujet à aucun risque de résistances et que j’applique pour mes premiers traitements anti-mildiou, à la place du folpel, classé CMR2, que je ne veux plus utiliser car je suis en HVE », confie Pierre Calmel.

Comme tous les autres vignerons en conventionnel, ce viticulteur de l’Hérault, président de la cave des Vignerons de Sérignan (Hérault), des IGP Coteaux de Béziers et vice-président des IGP de l’Hérault, voit se réduire chaque année le choix des matières actives autorisées. Depuis peu, il doit se passer de DMM (diméthomorphe) après son classement en CMR 1. Or ce fongicide lui était très utile pour rattraper une attaque de midliou en cas de forte pression. Les produits qui restent, il tient donc à les garder.

"Folpel, métirame et DMM sont des filets de sécurité en cas de forte pression"

Vincent Naulet, vigneron près de Chinon, s’imagine difficilement lutter contre le mildiou sans folpel, métirame ni DMM. « J’applique parfois du Pandero, qui contient du folpel et du métalaxyl, pour son action systémique et son effet curatif. Mais si le folpel, le DMM et le métirame étaient supprimés, cela poserait problème. En 2018 et 2021, les vignerons bio n’ont pas pu suivre face à la virulence du mildiou avec seulement du cuivre. Le folpel, le métirame et le DMM sont des filets de sécurité en cas de forte pression ou de difficulté à intervenir si les sols sont détrempés par les pluies. Il faut au moins qu’on nous laisse le DMM, c’est un produit pompier qui permet de limiter la casse face à une grosse attaque ».

Pour Raymond Llorens, viticulteur dans l’Hérault en cave coopérative, le folpel ne doit pas être interdit : « Il est très utile pour sécuriser la protection anti-mildiou ». Il ne souhaite pas non plus voir disparaître le métirame ni le DMM. « Ils sont efficaces en cas d’attaque pour préserver le potentiel de production ». Les remplacer par des produits de biocontrôle ? « Ils ne sont intéressants que face à une pression faible à modérée. Leur persistance d’action est moindre donc ils impliquent bien plus de traitements et de passages ».

Trop de passages avec le cuivre

Amandine Fresneau, vigneronne dans la Sarthe veut continuer à pouvoir compter sur le métirame et l’amisulbrom (CMR2). « J’ai abandonné le folpel depuis longtemps. Et le DMM étant CMR1, c’est fini pour moi car je suis en Terra Vitis. J’ai donc recours au métirame non CMR et à l’amisulbrom. Ce dernier est un produit pénétrant, on a besoin de ce type de produit, plus résistant au lessivage que ceux de contact. Je ne suis pas fan du cuivre : en cas de pluies fréquentes, il faut traiter en permanence, or ce n’est pas possible. Le LBG fonctionne bien, mais à la fleur, je ne serais pas sereine si je n’utilisais que cela avec du cuivre. Je voudrais continuer à pouvoir appliquer du DMM ».

Amandine Fresneau est également inquiète face au black-rot, « si on ne peut plus utiliser du métirame (matière active qui a le moins d’impact négatif sur le plan environnemental selon elle) on ne pourra pas combattre cette maladie en cas de forte pression. On le voit dans le sud. Le cuivre et le soufre ne seront suffisants ».

Aurélien Cuers, viticulteur en Ardèche, défend lui aussi le métirame, en particulier pour faire face au black-rot. « J’ai l’habitude d’appliquer du Privest (métirame et ametoctradine) lors du premier traitement anti-black-rot, car il me permet d’éviter un IBS ou un QoI, dont l’usage est limité et que je réserve aux moments où on a le plus de travail dans les vignes.».

Difficile de faire sans les IBS

Sur le front des anti-oïdiums, les produits à base de l’IBS tétraconazole solo seront intedits d'utilisation pour les viticulteurs, l'an prochain. « Vu la pression oïdium grandissante dans notre région, cela va être difficile de faire sans ce type de produit qui apporte une protection robuste», déplore Pierre Calmels qui tient à garder les IBS qui subsistent. « Même si pour le moment, notre région n’est pas très impactée par l’oïdium, je préfère sécuriser quand même la protection en appliquant du Lidal cette année encore, à la fleur, et du soufre, le reste de la saison », indique Amandine Fresneau, qui ne voit pas d’alternative, pour le moment, à ce produit à base de tétraconazole. « Si nous n’avons plus de molécule adéquate, nous ne pourrons plus lutter contre l’oïdium qui est une maladie à historique. Le soufre seul ne suffit pas à la floraison, il ne faut pas croire au Père Noël ».

Autre molécule dans le collimateur de la réglementation, le glyphosate. « On ne peut désormais l’utiliser qu’une fois par an. Je l’applique en mars. Il est indispensable car il reste l’herbicide le moins coûteux, et le plus efficace pour moi », confie Pierre Calmels. « Interdire le glyphosate sans solution de substitution n’aurait pas d’intérêt, je ne suis pas sûr que cela serait bien agroécologique, au vu du nombre de passages nécessaires pour le travail du sol », souligne Raymond Llorens.

Les pyréthrinoïdes incontournables pour lutter contre la flavescence en conventionnel

Les pyréthrinoïdes sont également menacés. « Je n’en utilise plus, je fais de la confusion. Mais en cas de grosse attaque de tordeuses, les pyréthrinoïdes sont utiles en rattrapage », estime Vincent Naulet. Sans compter qu’ils sont indispensables pour lutter contre la flavescence dorée en conventionnel.  

Jusqu’à présent, les vignerons que nous avons contactés se sont adaptés aux différentes interdictions. Mais « La diminution de matières actives disponibles et l’absence de produits de substitution vont entraîner plus de risques de résistances », s’inquiète Pierre Calmels. Pour Vincent Naulet, cela aura des conséquences sur la qualité de la protection. « On va perdre en efficacité ».

Mais ils ne se font guère d’illusion. A l’instar de Ghislain Olivier Vigneron en Champagne « il ne faut pas rêver, d’ici 10 ans on sera tous en bio par la force des choses ».

 

Un chantier de planification écologique sur les phytos

La Première ministre Elisabeth Borne vient de lancer un chantier de planification écologique sur les produits phytos. Il vise à « anticiper le retrait des substances actives les plus préoccupantes et à renforcer la mobilisation des acteurs pour élargir la palette des solutions ». Des groupes de travail ont été mis en place par filière, pour « recenser les problèmes existants à court, moyen et long terme, cibler les usages les plus menacés, identifier les alternatives disponibles ». En viticulture, l’IFV et le CNIV ont été missionnés pour ces travaux. Ces deux organismes doivent fournir la liste des situations problématiques fin juin.

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