rois ans après le lancement d’un projet pilote en faveur de la biodiversité dans la vallée de la Gervanne, un territoire de l’AOC Clairette de Die, c’est l’heure du bilan.
Ce jeudi 25 mai, dans le cadre d’une matinée d’échanges coorganisée par le syndicat de l’appellation et le parc naturel régional du Vercors, un petit groupe s’est retrouvé chez Matthieu Bégou, viticulteur à Montclar-sur-Gervanne.
Les orateurs s’interrompent par moments pour écouter les chants d’oiseaux. « C’est plutôt bon signe », sourit Matthieu Bégou. A ses côtés, un représentant de la LPO chuchote le nom de l’espèce qui traverse le ciel. Car les oiseaux sont, avec les chauve-souris, les premiers bénéficiaires du plan d’actions porté par le syndicat de l’appellation et différents partenaires : la LPO, le parc naturel régional du Vercors, la chambre d’agriculture de la Drôme, agribiodrôme, agrinichoirs, Biovallée – rejoints par la fédération des chasseurs pour la seconde phase du projet, qui débute cette année.


« La première phase, débutée en 2019, ciblait le territoire de la Gervanne qui couvre 10 % de l’aire d’appellation, relate Fabien Lombard, président du syndicat et lui-même engagé dans le projet. Neuf exploitations bio et conventionnelles, couvrant 25 % de ce territoire, se sont engagées. Cela a permis de lever les freins pour engager la seconde phase : l’essaimage ! »
En trois ans, 800 nichoirs à mésanges et abris à chauve-souris ont été construits et installés sur 40 ha, par la société Agrinichoirs. « Tous sont géolocalisés et nous les passons en revue une fois par an pour observer le taux d’occupation, explique Brice le Maire, fondateur de l’entreprise. Cela démarre plus ou moins fort selon les parcelles, mais toutes ont eu des mésanges et/ou des chauve-souris dès la première année. »
Mais la pose de ces abris artificiels n’a de sens que s’il est accompagné d’actions à plus long terme pour recréer des habitats naturels pour cette faune auxiliaire. C’est pourquoi 400 m linéaires de haies ont parallèlement été implantés sur cinq exploitations. Des viticulteurs ont aussi implanté des arbres isolés pour recréer des corridors écologiques - il manque parfois seulement deux ou trois arbres pour permettre aux espèces de circuler d’une haie à l’autre, et doper l’efficacité de ces dernières.
Les diagnostics biodiversité réalisés par la LPO dans les exploitations ont ouvert les yeux des viticulteurs sur la biodiversité déjà présente sur leurs parcelles et abouti à des recommandations individuelles, souvent simples : préserver de vieux bâtiments (cabanes de vignes par exemple) prisées de certaines espèces de chauve-souris, ou des arbres morts qui, tant qu’ils restent debout, offrent le gîte à des espèces d’oiseaux.
Au bout du compte, outre le plaisir de voir nicher des oiseaux, l’un des objectifs est de réguler les populations d’insectes ravageurs. « On n’utilise plus d’insecticides sur ce territoire depuis plusieurs années, mais il y a toujours un risque de voir la pression augmenter : en favorisant les populations auxiliaires, on veut se prémunir contre ce danger », explique Fabien Lombard.
En 2023, une nouvelle phase a débuté, ouverte aux 250 opérateurs que compte l’appellation. Quinze exploitations se sont déjà engagées sur une ou plusieurs actions : « des plants ont été commandés pour planter 200 m de haies à l’automne, et 150 nichoirs ont déjà été autoconstruits et installés, relate Sophie Ferreyra, chargée du projet au syndicat de l’AOC. Et on espère embarquer le plus de monde possible d’ici 2025. »
La phase pilote a été financé par le Parc, la fondation du patrimoine et les fonds européens Leader. Pour la seconde phase du projet, l’enveloppe de 70 000 € est financée pour moitié par le syndicat, et pour moitié par les fonds Tiga (« programme « territoire d’innovations » géré par la caisse des dépôts).