Et si j’essayais de fabriquer des pièces de rechange ? ». Fin 2022, l'idée vient à Mikael Bouscari lorsqu'il tombe sur des tutos pour imprimer des figurines. Depuis, il réalise lui-même différentes pièces avec une simple imprimante 3 D de bureau : des mains de pulvérisateur, et des raccords pour sa rampe de désherbage et pour ses goutteurs pour l’irrigation, mieux pensés que ceux du commerce.
Vigneron depuis six ans aux côtés de son père, sur 47 ha de vignes, cet adhérent des Vignerons de l’Occitane, à Servian dans l’Hérault, n'est pas parti de zéro : titulaire d'un BTS de dessin industriel, il a passé des années dans l’industrie en tant que tourneur-fraiseur.
Mikael Bouscari s'est lancé sur une main de pulvérisateur. Il possède un Thomas Ouragan 1 000 litres et un Nicolas Tornado 1 500 litres. Tous deux ont les mêmes mains. « Ce sont des pièces qui coûtent cher dans le commerce. Ça représente un vrai intérêt d'en fabriquer soi-même. On n’en casse pas tous les jours, mais ça arrive quand on travaille la nuit », remarque-t-il.
Mains de pulvé pour Thomas et Nicolas Tornado fabriquées par l'imprimante 3D (crédit photo DR)
Il explique comment il s’y est pris. « J’ai d’abord démonté une main, puis mesuré précisément ses cotes avec un pied à coulisse. Ensuite, je suis passé au dessin sur ordinateur ». Des débuts difficiles. « Je n’avais pas fait cela depuis 20 ans. Alors, j’ai beaucoup tâtonné. J'ai fait plusieurs ébauches, avant d'obtenir un modèle aux dimensions exactes. Mais une fois qu’on a intégré le logiciel, dessiner une main de pulvé prend moins d’une heure », rassure-t-il.
Le dessin terminé, Mikael Bouscari lance son imprimante 3D. « Ensuite, il faut compter entre 13 et 20 h pour une main, en fonction de sa taille. Pour un raccord de tuyau, c’est plus rapide : 30 minutes environ ».
Toutes les pièces sont imprimées à partir de bobines de plastique achetées sur internet. « Je choisis du plastique PETG. C'est résistant aux UV, à l’eau et pas cassant. Le top qualité, c’est l’ABS, mais il faudrait que j’adapte ma machine pour l’utiliser. Avec une bobine de 1 kg de PETG que j’achète 20 € TTC, j'ai réalisé 4 mains de pulvérisateur, soit 5 € TTC l’unité contre 120 € HT dans le commerce ». De quoi amortir sans difficulté l'imprimante achetée 450 €.
Raccord de 45 ° pour porte-jets de la rampe de désherbage fabriqué en 3D (crédit photo DR)
D'autant qu'il a pu créer des pièces bien spécifiques. « J’ai fait des raccords de goutte à goutte coudés à 45 degrés qui s’adaptent bien à mon installation. Car les raccords droits ou coudés à 90 degrés du commerce conviennent mal : les droits pincent les tuyaux, et ceux à 90 degrés vont jusqu’à les casser ». Pour sa rampe de désherbage, Mikael Bouscari a fabriqué des raccords de porte-jets à 45 et 90 degrés au lieu des raccords droits livrés qui « font faire une boucle aux tuyaux ».
Mikael Bouscari n’a pas encore assez de recul pour juger de la solidité de ses fabrications. Mais il s’avoue satisfait des premières utilisations. « J’en suis à 4 passages de pulvé dans mes parcelles et je n’ai pas cassé de mains ». Pas non plus de casse sur les raccords de goutte à goutte après trois jours d’arrosage, ni sur les raccords de rampe après deux passages.
Contacté pour développer un business, le vigneron a décliné. Son métier est dans les vignes. En revanche, il est partageur : certains de ses dessins de raccords sont téléchargeables sur le site cults.3D.com.
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