nnoncée depuis le mois de février, le ministère de l’agriculture vient enfin d’officialiser la mise en route opérationnelle de la task force d’assistance, au cas par cas, des entreprises vigneronnes avant que celles-ci fassent le choix d’un accompagnement par le médiateur du crédit ou le conseil départemental. « Sa mission consistera à répertorier, avec l’aide des organisations professionnelles viticoles, les entreprises concernées qui auraient des difficultés de trésorerie majeures. La task force pourra alors accompagner et orienter ces entreprises vers les solutions les plus adaptées à leur situation, sans se substituer pour autant au rôle du médiateur de crédit ou à celui des conseillers départementaux à la sortie de crise », présente un communiqué du ministère de l’Agriculture.
Au menu des solutions proposées, le recours aux procédures préventives amiables, en conciliation, ou la médiation du crédit. « Le médiateur du crédit est déjà en place. Mais pour ceux qui veulent éviter d’en arriver là, il est nécessaire d’anticiper avec la task-force pour identifier les difficultés qui arriveront s’il n’y a pas d’allongement de la durée des remboursements », rappelait au mois d’avril Jean-Marie Fabre, président des Vignerons Indépendants de France. Celui-ci milite en effet activement pour apporter une flèche supplémentaire à l’arc de ces mesures d’oxygénation de la trésorerie : un dispositif relais de prêts bonifiés, pour donner la capacité aux entreprises d’étaler leur dette dans le temps (10 ou 11 ans contre 6 ans dans le cadre des prêts garantis par l’État (PGE) ), au même taux d’intérêt (1,5 %) que celui établi pour les PGE.


Depuis plusieurs semaines, la fédération des Vignerons indépendants conduit une enquête auprès de ses adhérents pour évaluer le nombre d’entreprises concernées par ces prêts relais bonifiés. « Elle vient de se clôturer et nous pourrons indiquer un chiffre au ministère d’ici une semaine. Ces prêts seront dans tous les cas un levier incontournable pour maintenir un équilibre économique indispensable à la pérennité de nos entreprises », renchérit Jean-Marie Fabre. En précisant qu’au-delà de 500 entreprises concernées, cela soulignerait « le grand danger économique qui pèse sur nos exploitations et la filière ». Le vigneron audois rappelle au passage que trois quarts des PGE viticoles engagés l’ont été par des vignerons indépendants. « C’est un endettement que n’a pas eu à assumer la solidarité nationale, par du chômage partiel ou technique, car la vigne a continué à pousser malgré les confinements et qu’il fallait continuer de payer la main d’œuvre employée et les fournisseurs », appuie Jean-Marie Fabre. Il se dit toutefois rassuré par les prises de parole volontaristes du ministre de l’économie Bruno Le Maire sur un sujet où la décision de Bercy sera prépondérante.
Interrogé, le ministère de l’Agriculture confirme que le sujet des prêts bonifiés reste « en cours d’instruction », avant d’ajouter que « le gouvernement a prolongé jusqu'à la fin de l'année 2023 l’accord de place sur le rééchelonnement des PGE dans le cadre de la médiation du crédit aux entreprises ». Ce cas de figure reste donc, pour l’heure, le seul dispositif qui peut permettre à une entreprise viticole en difficulté de rééchelonner son PGE jusqu’à 10 ans. Jean-Marie Fabre espère bien voir les prêts bonifiés offrir aux vignerons une solution intermédiaire avant de devoir en appeler au médiateur de crédit.