« Si vous aviez ramené la pluie des Pyrénées-Orientales, je vous aurais fait revenir tous les samedis » dédramatise Jean-Marie Fabre, en emmenant Marc Fesneau dans ses vignes. Ce 6 mai, le président des vignerons indépendants a convaincu le ministre de l’Agriculture de faire un détour par Fitou avant de regagner la rue Varenne.
Entouré par une cohorte de représentants de la filière audoise, il lui montre d’abord une parcelle où la luzerne semée dans l’inter rang n’a pas du tout levé. « Combien avez-vous eu de pluie cette année ? » interroge le Ministre. « 100 mm. A ce rythme, la viticulture aura disparu dans 3 ans ».
Jean-Marie Fabre rappelle à Marc Fesneau la nécessité pour les viticulteurs de cette région devenue désertique d’accéder à l’eau. « Nous devons passer de 9 à 50% de stockage des pluies par retenues collinaires comme nos voisins de l’Empordà, du Penedès ou du Priorat ».
Le président de la Chambre d’agriculture de l’Aude Philippe Vergnes abonde dans son sens. « Nous ne pouvons plus compter sur les orages du 14 juillet et du 15 août mais nous comptons sur votre soutien pour accélérer la réalisation des 4 projets sur lesquels nous travaillons depuis 10 ans. Sachant que le plus gros, à Aigues-Vives, dans le Minervois, ne vise à stocker que 300 000 m3 d’eau. Une casserole ! »
Le ministre n’est pas contre les retenues collinaires. « Le climat change, il faut que l’on change, et que nous fassions feu de tout bois » admet-il. Pour finir de le convaincre, Philippe Vergnes lui rappelle que « la vigne est le meilleur canadair » et que les retenues collinaires seraient également bien utiles aux pompiers lors des incendies.
Souhaitant en finir avec les « zones orphelines d'irrigation », le président de la Chambre d’agriculture demande aussi la mise en place d’un volume d’eau utilisable par hectare et par culture.
Marc Fesneau explique travailler sur un autre projet : la finalisation d’un décret facilitant la réutilisation des eaux usées, « pour rattraper l’Espagne et l’Italie sous 10 ans en passant de 1,7% à 20% ».
Dans le massif de la Clape, 80 hectares de vignes sont irrigués avec les eaux retraitées de la station d’épuration de Narbonne-Plage depuis l’an passé. « Nous avons attendu 12 ans pour voir cette idée se concrétiser. Nous devons en effet pouvoir aller beaucoup plus vite si nous voulons rattraper nos voisins » appuie Didier Cordoniou, le maire de Gruissan.