elance. C’est le mot sur toutes les lèvres dans le secteur vitivinicole suisse. Que ce soit dans le canton du Valais ou celui de Vaud, les projets fusent et les budgets se multiplient pour rénover, relancer et assurer la relève au sein de la filière. Les problématiques sont connues de longue date : le morcellement des parcelles, la pénibilité des tâches viticoles du fait de la physionomie du vignoble et les fluctuations annuelles de la production entravent la compétitivité des vins suisses, sur leur marché domestique comme à l’exportation. L’existence d’un quota à l’importation – équivalent à 170 millions de litres pour une consommation nationale de l’ordre de 240 millions – a souvent été montrée du doigt par les professionnels suisses, accusée d’être à l’origine de leur faible part du marché national.
En novembre dernier, les différents acteurs de la filière vitivinicole vaudoise (26% de la production nationale) précisaient les contours d’un Plan de Relance annoncé en juillet 2022. Ayant fait le constat que « les 1 370 entreprises viticoles vaudoises…font face pour une part significative d’entre elles à des difficultés importantes », il a été annoncé un plan sur cinq ans décliné sur trois axes : production, environnement et promotion. La mise en œuvre du plan est prévue en trois phases, qui se déploieront jusqu’en 2027. La première phase, qui s’achèvera à la fin de cette année, est dotée d’un budget de 5,8 millions de francs (soit 5,9 M€), pour une enveloppe globale « qui se développera crescendo » et pourrait atteindre 25 millions CHF (25,5 M€), dont 12 millions de dépenses nouvelles. Le premier axe concerne la maîtrise de la production, l’innovation et la valorisation des terroirs vaudois. Il envisage à terme « une segmentation plus marquée des vins et un nouveau positionnement des différentes zones de production ». Côté promotion, le rapprochement puis la fidélisation de la clientèle sont priorisés, une plateforme de commercialisation en ligne ayant été lancée fin novembre pour centraliser la vente des produits vaudois.
Dans le Valais (32% de la production nationale), le diagnostic est le même : le manque de compétitivité de la filière met en péril sa pérennité, décourageant la relève. L’Interprofession de la Vigne et du Vin a donc décidé de renouveler son plan stratégique à horizon 2020 par une feuille de route présentée fin avril, qui court jusqu’en 2030. Si la même direction a été choisie, les priorités du plan Viti Horizon 2030 ont été adaptées. L’un des grands défis pour les années à venir porte sur la rénovation du vignoble. Il s’agit notamment « de faciliter l’accessibilité, une production durable et la mécanisation de la culture viticole » pour rendre le vignoble « plus durable et plus rentable ». Parmi les mesures définies figurent la création d’entités viticoles de 3 000 à 5 000 m2 et le renouvellement de l’encépagement, favorisant la mécanisation et une production biologique, adaptée au changement climatique. L’IVV souhaite voir la restructuration de 1 000 hectares d’ici à 2030. Une gestion de la diversité des cépages doit également privilégier les cépages autochtones, traditionnels et durables (résistants). A ce titre, l’IVV va développer un projet autour de la petite arvine « afin de profiter de ce cépage autochtone, emblématique et hautement qualitatif à l’international », dans un contexte où « l’exportation a un grand potentiel encore inexploité » pour les vins valaisans. Enfin, sur le plan commercial, la filière valaisanne milite toujours pour la mise en œuvre d’une réserve climatique au niveau suisse, « qui permettrait d’assurer les parts de marché des vins valaisans dans le canal de la grande distribution, sans impacter le prix par une surproduction ».
Pour les amateurs de vins suisses – et le pays recèle de vraies merveilles – une lecture s’impose : le guide « 111 vins suisses à ne pas manquer » du journaliste Pierre Thomas, illustré des photographies de Tobias Fassbinder. Peu connus à l’extérieur des frontières nationales, les vins suisses naissent dans une diversité de terroirs absolument époustouflante, et déclinent une collection de cépages tout aussi impressionnante. En effet, sur quelque 15 000 hectares pas moins de 250 cépages ont été recensés, donnant naissance à une offre en vins polymorphe. Pierre Thomas s’est donné comme mission d’aider et d’encourager les curieux à pousser la porte des caves aux quatre coins du pays. Entre histoire avec un grand H et familiale, il fait la part belle aux domaines en bio et biodynamie, aux femmes et aux jeunes, le tout dans une vision prospective qui positionne clairement la Suisse et ses vins dans un monde contemporain et d’avenir.