ue retiendra le marché de la semaine des primeurs 2022 à Bordeaux qui s’achève ? Que les grands vins sont de nouveaux très grands sur ce nouveau millésime du siècle et resteront donc très chers pour le commun des mortels ? Toujours courue par les journalistes, critiques, courtiers, négociants et distributeurs avides de connaître la tendance qualitative de la dernière vendange en cours d’élevage, cette grande messe tient du marbre qui cache l'infortuné. Si les grands crus et les marques installées sur la place de Bordeaux continuent globalement de bien se porter commercialement, leur éclat masque les belles réussites que l’on retrouve dans le reste du vignoble girondin.
Loin d’être gagné d’avance au vignoble, le millésime 2022 confirme la capacité d’adaptation du premier département viticole de France : les investissements techniques de ces dernières années paient dans le verre. Notamment la gestion du sol, l’optimisation de la surface foliaire, la révision des objectifs de maturité… Qui permettent d'atteindre des niveaux qualitatifs ayant dompté les effets actuels du changement climatique. L’idée est entendue : les vins de Bordeaux dans leur ensemble ont une belle carte à jouer avec les cuvées 2022 : tout l’enjeu est désormais de le faire savoir. En la matière, les négociants bordelais sont les mieux placés pour porter non seulement les grands crus et marques établies, mais aussi des vins de châteaux plus modestes présentant des rapports qualité/prix particulièrement intéressants pour le marché. Tellement puissante commercialement qu’elle s’ouvre de plus en plus aux vins spéculatifs étrangers, la place de Bordeaux tient actuellement de la surplace de Bordeaux. S’il semble aisé pour certains de vendre toujours plus cher des vins toujours plus recherchés à des clients toujours plus riches, générer de la valeur ajoutée pour tous les maillons de la chaîne girondine sur des vins de moyen de gamme n’est pas une gageure, mais un défi pour l’avenir commun des vins de Bordeaux.
À quand la semaine des trimeurs ?