Il en va de la survie de notre vignoble ! ». Pierre Gerus, président de l’ASA IT3C ( irrigation du Terroir des 3 Châteaux), ne prend pas de détour pour souligner l’importance de la mise en route, le 31 mars, du nouveau réseau d’irrigation à destination de 400 hectares de vignes du sud de la vallée du Rhône. L’inauguration de ce réseau d’apport raisonné d’eau est l’aboutissement d’une réflexion et de discussions entamées depuis 2017. « 46 adhérents se sont groupés en 2018 pour la mise en route des études préliminaires, avant de passer à la création de notre ASA en 2018 », enchaîne Pierre Gerus.
S’inscrivant dans le schéma départemental de ressources en eau du Gard, ce projet d’intérêt général groupe une station de pompage en prise avec le Rhône, au sud de Saint-Etienne-des-Sorts, et un réseau primaire d’acheminement de cette eau vers les bornes de répartition quadrillant le réseau parcellaire des 46 adhérents de l’ASA IT3C, dans les communes de Saint-Etienne-des-Sorts, Chusclan et Vénéjan. « Une station de prise de l’eau dans le Rhône vient alimenter la station de pompage via un bassin tampon, qui envoie l’eau à 14 bars de pression dans les 16,5 km de réseau primaire », décrit Pierre Gérus. En bout de l’une des ramifications de ce réseau, un surpresseur vient permettre d’alimenter une petite partie des parcelles situées sur une zone plus haute que le reste du réseau.
Financé à 80 % grâce à des subventions, cet aménagement a mobilisé un investissement de 3,14 millions €, « auxquels s’ajoutent les 3 000 €/ha financés par les vignerons pour le réseau secondaire d’acheminement de l’eau jusqu’à leurs 840 parcelles, pour une irrigation ciblée en goutte-à-goutte », poursuit le président de l’ASA IT3C. Les 46 vignerons adhérents de l’ASA ont néanmoins pu s’appuyer sur une aide FranceAgriMer de 800 €/ha pour cette partie finale du réseau.
Le point de prélèvement dans le Rhône-DR
Assurés par une entreprise prestataire, le fonctionnement et l’entretien du réseau nécessiteront également 220 à 280 €/ha/an de la part des adhérents de l’ASA, qui régleront ensuite leur consommation hydrique propre. « Les compteurs sont installés sur les tubulures de sortie des bornes de répartition. Ces compteurs concernent donc plusieurs parcelles. Chaque adhérent indiquera ses périodes d’utilisation ou, à défaut, la facturation s’effectuera au prorata des surfaces raccordées à chaque compteur. Sans oublier que l’ensemble du vignoble concerné est en AOC côtes du Rhône et villages, plafonnant les volumes autorisés d’irrigation à 1000 m3/ha/an », rappelle Pierre Gérus.
Le prélèvement maximal de ce nouveau réseau ne pourra donc dépasser 400 000 m3/an, « mais nous comptons bien n’utiliser que le strict nécessaire au bon fonctionnement physiologique de la vigne, grâce à un réseau de sondes et de mesures de la ressource hydrique dans le sol et la plante », détaille encore le président de l’ASA IT3C. Qualifié « d’indispensable » au maintien de l’activité viticole par les vignerons concernés, ce réseau d’irrigation devrait permettre aux exploitants de rentrer dans leurs frais d’investissement au bout de 7 ans, si le climat ne réserve pas d’ici-là d’autres surprises.