ascal Perceval avait donné rendez-vous à des plongeurs sous glace et un pilote au lac de Tignes, ce premier mars à 10h, pour hélitreuiller deux fûts de 500 litres immergés depuis deux ans.
Après avoir délimité un périmètre pour ne pas fragiliser le lac, ni en bloquer l’accès, en pleines vacances scolaires, la régie de piste a découpé, deux trous dans les 1,40 m de glace, le premier pour y faire passer les fûts de mondeuse et de chignin-bergeron, le second pour servir d’issue de secours aux scaphandriers.
« L’idée de Tignes est venue lors de la visite d’un client fromager à la station de ski, se souvient le vigneron savoyard. J’avais déjà fait vieillir du vin au lac Léman, au lac d’Annecy, et au lac du Bourget, et j’avais apprécié son évolution amplifiée par l’hygrométrie parfaite et les remous naturels et réguliers de l’eau. J’ai eu envie de voir comment il allait se comporter dans une eau à -5°C, sous une grosse couche de glace, à 2 000 mètres d’altitude ».
Il n’a pas été déçu. « La fraîcheur a rendu les vins encore plus aromatiques que ceux immergés dans les autres lacs. J’ai été bluffé par leur qualité et leur finesse, aussi bien sur le blanc que sur le rouge ».
Avant qu’il ne reprenne la direction de son domaine, à Porte-de-Savoie, le vigneron a demandé au pilote d’hélicoptère de laisser dans le lac une caisse de 800 bouteilles d’IGP Roussanne et un fût d’AOP Chignin-Bergeron. Ils y resteront un an ou deux.
Entre l’hélicoptère, les plongeurs, et l’aide de la régie, l’opération a coûté près de 10 000 € à Pascal Perceval, soit 10 €/L immergé. Ses vins ont été filtrés puis mis en bouteille ce 7 mars et seront prochainement commercialisés.
Pascal Perceval pense désormais descendre une amphore de Mondeuse du Château La Gentilhommière dans le lac d’Annecy. « Comme je le fais à chaque expérience, je garderai le même vin dans une amphore au domaine pour bien évaluer l’impact œnologique de l’immersion ».
Comme il le fait depuis 2010, il y a trois semaines, il a aussi emmené en hélicoptère une cuve de moût à 3000 mètres d’altitude sur la terrasse du Refuge des Grands Mulets à Chamonix-Mont-Blanc. « Je vais bientôt aller la chercher. Sous l’effet du froid extrême, elle aura perdu entre 50% et 70% de son eau, de quoi vinifier un vin plus concentré mais faible en alcool, la fermentation étant stoppée 9 % ».